Palais de la Porte Dorée. Faire musée d’une histoire commune

Le Musée National de l’Histoire de l’Immigration présente sa galerie permanente avec un espace entièrement renouvelé, plus didactique et évolutif intégrant les recherches récentes sur l’immigration en France.

© Cyril Zannettacci

Au travers de documents d’archive, de photographies, de peintures, de sculptures, d’affiches, de parcours de vie, et d’outils de médiations numériques, le visiteur comprend que l’histoire de l’immigration et comprendre qu’elle est une composante indivisible de l’histoire de France.

Une scénographie jalonnée en 11 dates clés.

Le parcours est plus grand et plus accessible que le précédent. S’appuyant sur une approche historique à partir de faits migratoires majeurs des trois derniers siècles, la nouvelle exposition opte pour un cheminement chronologique en 11 dates repères.

L’immersion débute sous l’Ancien Régime en 1685 – date de la révocation de l’Édit de Nantes et de la promulgation du Code Noir en France – jusqu’à nos jours où l’immigration est au centre du débat politique.

Personna grata

Aujourd’hui, près d’un français sur trois a un lien avec l’immigration. L’affiche de l’exposition présentant Louis XIV fait référence à cette mixité, sa mère étant espagnole et sa grand-mère autrichienne. De nombreuses personnalités de nationalité française qui font la culture de la France ont des origines étrangères. Émile Zola (de père italien), Sonia Delaunay (née en Ukraine), Marc Chagall (né en Biélorussie) ou Joséphine Baker (née aux États-Unis). 

© Cyril Zannettacci

La culture c’est aussi la musique. Au détour de l’exposition, on entre dans une salle toute en longueur. C’est le studio de musique. Sont diffusées des playlists de chansons d’artistes d’origine étrangère comme Charles Aznavour, Barbara, Rachid Taha, Johnny Halliday ou Dalida. Car la France a toujours été une terre d’accueil pour nombre de musiciens et de chanteurs. Les années 1920 voient l’arrivée d’artistes afro-américians qui diffusent le jazz, dont le clarinettiste Sydney Bechett. En France, la liberté d’expression musicale a encore de beaux jours devant elle.

Des clés pour comprendre l’immigration

Fini les images d’Épinal de l’étranger, de l’immigré, du migrant. Le musée donne à voir un parcours à la fois historique et scientifique. C’est ce que Sébastien Gökalp, Commissaire général et Directeur du Musée national de l’histoire de l’immigration et son équipe essaye de faire tout au long du nouveau parcours de l’exposition permanente.

Interview de Sébastien Gökalp

« La France a toujours été un lieu de passage et d’installation… Ce n’est pas une exposition de débats ou d’idées mais c’est avant tout une exposition scientifique. Nous n’avons pas à vous dire ce que vous devez penser ou quelles idées vous devez avoir. Nous devons vous donner des éléments pour vous constituer votre propre réflexion. »

Le parcours du musée s’appuie sur le rapport de préfiguration du comité scientifique présidé par Patrick Boucheron, historien et professeur au Collège de France. Pour Marianne Amar, historienne et Cheffe du département Recherche au Musée national de l’histoire de l’immigration, l’important est d’apporter aux visiteurs des faits historiquement prouvés.

Interview de Marianne Amar

« En montrant ces faits précis et irrévocables, on fait résonner le présent dans le passé. On a voulu en permanence scander le parcours de données chiffrées pour donner des ordres de grandeur et faire résonner le présent. On a voulu aussi donner à voir la naissance de phénomènes que l’on voit aujourd’hui, comme la création des papiers d’identité dans les années 1930. »

© Voitures Cathédrales, Thomas Mailaender, 2004

Le Palais de la Porte Dorée fait musée de notre histoire commune. Certaines photos et documentaires liés à l’actualité des trente dernières années nous les connaissons. Certaines affiches nous les avons vu au détour d’un mur. Nous sommes les témoins de la mixité qui fait le sel de la France.

Exposition permanente du Musée National de l’Histoire de l’Immigration. Palais de la Porte Dorée – 75012 Paris

Baal : A corps perdu

Mise en scène par Armel Roussel et jouée au théâtre de la Tempête, « Baal », la première pièce de Bertold Brecht, nous raconte le parcours d’un poète antisocial, amoral, avide de sexe, d’alcool et de vers libres.  

© Pascal Gely 
 
Après « L’éveil du printemps » montée en 2020, Armel Roussel revient au théâtre de la Tempête pour présenter Baal, la première pièce écrite par le jeune Berthold Brecht, alors âgé de 19 ans dans sa version originale. Brecht en écrira cinq versions. La dernière en 1955, un an avant sa mort. En 27 tableaux, nous cheminons aux côtés de ce poète et personnage sulfureux, qui défie les conventions sociales et morales avec une liberté débridée. 

Interview d’Armel Roussel mixée avec des extraits de Baal

La pièce à l’origine s’appelait Baal baise ! Baal danse !! Baal se transfigure !!! Moi je suis parti de cette version-là. C’est un texte très pertinent, très percutant particulièrement dans la période post #MeToo dans laquelle on est. C’est très rare de lire un texte qui puisse faire à la fois le portrait d’un personnage masculin qui est clairement un porc mais qui est à la fois un porc mais aussi un poète. Brecht disait un être asocial dans une société asociale. L’idée était non pas de défendre un agresseur mais plutôt de travailler sur la faille et le trouble. Je suis un peu fatigué de voir des spectacles où l’on m’explique ce que je doit penser. Moi je préfère faire des spectacles qui ouvrent des portes avec des libertés d’analyse, de pensée et de jugement chez les spectateurs et pas à partir du plateau.

Des amuse-gueules en entrée

Dès l’entrée de la salle du théâtre, les comédiens nous accueillent avec un verre de vin blanc et de petits canapés au saumon fumé. Ces amuse-gueules réchauffent l’ambiance. Avant même que la pièce ne commence, les spectateurs sont invités à participer à un karaoké de la chanson « Psycho Killer » des Talking Heads par le comédien qui joue Baal. Belle entrée en matière dans l’univers provocateur et sans concession du poète.

I can’t seem to face up to the facts
I’m tense and nervous and I can’t relax
I can’t sleep ’cause my bed’s on fire
Don’t touch me, I’m a real live wire


Psycho Killer
Qu’est-ce que c’est ?

Un anti-héros provocateur et séducteur

Baal est un poète lyrique et voyou qui se moque de la gloire et de la reconnaissance. Il préfère vivre selon ses pulsions, sans se soucier des conséquences. Il boit, il chante, il couche avec toutes les femmes qu’il croise, qu’elles soient mariées, vierges ou prostituées. Il trahit ses amis, il vole. Il n’a de respect pour rien ni personne, pas même pour lui-même. Il est l’incarnation de l’artiste maudit, qui refuse toute compromission avec la société.

La pièce se déroule avec une énergie effrénée, transportant le public dans l’univers sombre et turbulent de Baal. Anthony Ruotte livre une performance époustouflante dans le rôle-titre, étant présent sur le plateau du début à la fin de la pièce. Sa présence magnétique et sa maîtrise du personnage donnent vie à Baal avec une intensité saisissante.

Une pièce scandaleuse et subversive

Brecht a écrit Baal sous l’influence d’Arthur Rimbaud et de François Villon. Il s’inspire aussi de sa propre expérience de la guerre et de la révolution. Il veut choquer son époque, qui sort traumatisée du premier conflit mondial. Il dénonce l’hypocrisie et la corruption des élites, qui exploitent les masses populaires. Il critique aussi le conformisme et le puritanisme des classes moyennes, qui étouffent la créativité et la spontanéité. Il affirme la supériorité de l’art sur la morale, de la nature sur la civilisation.

Une mise en scène audacieuse et inventive

Les vingt sept tableaux de la pièce offrent une série de situations tragi-comiques qui mettent en lumière les dérives de Baal et son exploration de la liberté absolue. Les comédiens, tous très investis et justes, donnent vie à une galerie de personnages hauts en couleur et évoluent avec aisance dans les différents tableaux. L’atmosphère du bar en fond de scène apporte une dimension supplémentaire à l’histoire, créant un espace de rencontres, de débauche et de désillusion.

Baal se joue au Théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes jusqu’au 23 juin 2023.

Le Grand Saut dans l’imaginaire

Avatar de jeanclaudedjianMon oeil sur l'In-Formation

C’est le troisième roman de Thibault Bérard en littérature adulte. A la suite d’Il est juste que les forts soient frappés, et deLes Enfants véritables, sortis coup sur coup en 2020 et 2021 aux éditions de l’Observatoire, ce troisième ouvrage est la première réelle œuvre de fiction de Thibault Bérard.

La traversée du miroir

Après des années passées à guider les autres en littérature comme éditeur aux éditions Sarbacane, il a décidé de franchir le pas en se donnant le droit à l’écriture. Se faisant, il a traversé le miroir, quittant son travail et la région parisienne pour la province plus propice à sa nouvelle destinée d’auteur et à sa vie de famille. Mais revenons à son troisième romanLe Grand Saut.

Entre mort et vie

Une drôle de bouquin qui s’ouvre par la mort en direct, par infarctus, de Léonard, vieux, veuf…

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Le Grand Saut dans l’imaginaire

C’est le troisième roman de Thibault Bérard en littérature adulte. A la suite d’Il est juste que les forts soient frappés, et de Les Enfants véritables, sortis coup sur coup en 2020 et 2021 aux éditions de l’Observatoire, ce troisième ouvrage est la première réelle œuvre de fiction de Thibault Bérard.

La traversée du miroir

Après des années passées à guider les autres en littérature comme éditeur aux éditions Sarbacane, il a décidé de franchir le pas en se donnant le droit à l’écriture. Se faisant, il a traversé le miroir, quittant son travail et la région parisienne pour la province plus propice à sa nouvelle destinée d’auteur et à sa vie de famille. Mais revenons à son troisième roman Le Grand Saut.

Entre mort et vie

Une drôle de bouquin qui s’ouvre par la mort en direct, par infarctus, de Léonard, vieux, veuf, solitaire, rejeté par ses enfants pour avoir été infidèle, grande gueule, vulgaire et buveur invétéré. Quand il fait un infarctus, il voit sa vie défiler.

Tout au long des pages, on revit les moments clés de son histoire. Une histoire de rustre qui aurait pu être heureux, s’il n’avait pas été un soiffard attaché au goulot de ses satanés bouteilles de gin.

Il en était là, à crever tout seul dans sa cuisine comme un con, par un jour de grand beau. Il avait pris une suée et hop, en route pour l’enfer.  

Zoé est l’autre personnage principal du roman. A dix ans, elle décide d’impressionner sa mère en sautant du plongeoir de 10 mètres de la piscine du Center Parcs. Elle a toute la vie devant elle, pourtant, à son âge, elle prend des risques inconsidérés. 

C’est haut, terriblement haut. Quand elle se penche (mais il ne faut pas qu’elle se penche trop, elle pourrait glisserdu haut de ces dix mètres, dix mètres ! , avant de se fracasser la nuque dans l’eau) les gens lui semblent minuscules. De vraies fourmis.

On comprend qu’elle ne peut pas reculer et qu’elle doit faire le grand saut pour devenir une héroïne. Une vraie qui va venir au secours de sa mère tombée dans une profonde catatonie et qui se retrouve internée en hôpital psychiatrique. Au cours des pages, les destins de Léonard et de Zoé s’entremêlent. 

Processus de création

Ce roman est également un grand saut pour Thibault Bérard car il est de pure invention après ses deux premiers opus autobiographiques. 

Photo ©-Audrey-Dufer

Forcément, on met tous un peu de nous dans nos personnages. Léonard qui n’est pas très sympathique, représente tout ce que je ne veux pas être. C’est ma part noire, ma part obscure. Zoé, la petite fille, c’est mon amour pour l’imaginaire. Tout ce qui permet d’affronter le réel le plus dur en le rendant merveilleux par la grâce de l’enfance. 

Le processus de création relève un peu du défi et de l’observation pour Thibault Bérard. C’était un défi de commencer le récit par la mort d’un personnage principal. La deuxième scène, celle de Zoé, il y a assisté, en voyant sa propre fille sauter d’un plongeoir et en se disant que c’était un bel élan de vie. C’est le moment où l’on dépasse ses limites en affrontant le regard des autres.

Thibault Bérard a la plume alerte avec une écriture tout en image. On vit au rythme des vicissitudes des personnages, on plonge avec lui dans l’expression des émotions et des tourments de l’âme humaine. On refait surface en pleine résilience pour atteindre, qui sait, le bonheur.

Auteur prolixe, il vient de publier chez Gallimard JeunesseSuzanne Griotte et le parc aux limaces, un Faust, drôle et iconoclaste por filles dés 7 ans. Son quatrième roman en littérature adulte, qui sortira en 2024, aura pour titre Les Amazones, un quatuor de trentenaires fortes en gueule qui pourrait être des mousquetaires au féminin.

On attendant, on vous recommande Le Grand Saut aux Éditions de l’Observatoire.

 

Salle des fêtes ou l’utopie agricole 

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© Pierre PLANCHENAULT

«Salle des fêtes»,nous plonge dans l’univers d’une communauté d’un petit village et nous raconte les mésaventures de trois néo-ruraux parisiens confrontés au bien commun du foncier agricole.

Après «Des Territoires», trilogie, présentée en Avignon en 2021, qui racontait l’histoire d’une fratrie dans un pavillon de banlieue,Baptiste Amann, auteur et metteur en scène, plante son décor dans la salle des fêtes d’un village où seretrouvent une poignée d’habitants dont les nouveaux venus de la ville.

Nos trois néo-ruraux sont deux femmes et un homme. Marion, écrivaine à succès, sa compagne Suzanne et son frère Samuel bipolaire qui sort tout juste d’hôpital psychiatrique. Leur projet de vie à la campagne ait d’acheter une ancienne usine, la Pointerie pour la rénover et y habiter. En s’installant, notre trio acquière également trois écluses dont il doit assumer la gestion. Manque de chance, le village fait face à une crue…

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Salle des fêtes ou l’utopie agricole 

© Pierre PLANCHENAULT

« Salle des fêtes », nous plonge dans l’univers d’une communauté d’un petit village et nous raconte les mésaventures de trois néo-ruraux parisiens confrontés au bien commun du foncier agricole.

Après « Des Territoires », trilogie, présentée en Avignon en 2021, qui racontait l’histoire d’une fratrie dans un pavillon de banlieue, Baptiste Amann, auteur et metteur en scène, plante son décor dans la salle des fêtes d’un village où se retrouvent une poignée d’habitants dont les nouveaux venus de la ville.

Nos trois néo-ruraux sont deux femmes et un homme. Marion, écrivaine à succès, sa compagne Suzanne et son frère Samuel bipolaire qui sort tout juste d’hôpital psychiatrique. Leur projet de vie à la campagne ait d’acheter une ancienne usine, la Pointerie pour la rénover et y habiter. En s’installant, notre trio acquière également trois écluses dont il doit assumer la gestion. Manque de chance, le village fait face à une crue exceptionnelle et les écluses de nos citadins cèdent inondant les terres et les récoltes d’un maraicher. Résultat, ils doivent se lancer dans des réparations coûteuses auxquelles ils ne s’étaient pas préparés. Leur projet de décroissance, d’écologie et d’habitat partagé bute contre la réalité de terrain.

Nous suivons le trio qui fait face à la communauté du village à l’occasion de quatre événements rythmant les quatre saisons d’une année. La scénographie se joue dans la salle des fêtes du village kitch à souhait.

Baptiste Amman enchaîne les quatre tableaux de la pièce dans l’acte de faire et de défaire. On est soit avant l’évènement, soit après. À l’automne, la réunion du conseil consultatif intervient après la crue. On assiste en hiver à la répétition des vœux du maire et non à son exécution. C’est la préparation du loto qui organise le tableau du printemps et non le loto en lui-même. Et l’été est présenté sous la forme d’une « fin de soirée » post 14 Juillet. 

Extraits audio de Salle des fêtes

« Avec ma compagnie l’Annexe, nous envisageons l’espace théâtral comme celui de la reconstitution. Comme dans les reconstitutions de scène de crime (où un juge d’instruction convoque l’assassin sur le lieu du meurtre, où des acteurs prennent la place des victimes). Le théâtre est pour nous l’occasion de réactiver un souvenir, bon ou mauvais, pour le dénouer.« 

Durant deux heures, nous sommes spectateurs d’une comédie humaine et rurale dans laquelle, les comédiens en verve, nous montrent, les secrets, les drames mais aussi la solidarité derrière les règlements de comptes, le tout enrobé dans des situations tragi-comiques ou l’on sait s’il faut rire ou pleurer. Il faut noter la performance de Samuel Réhault, qui joue le rôle de Samuel, homme bipolaire, comédien au répertoire qui varie entre la force et la finesse. Dans la pièce, il montre ses talents de joueur de blues et de beatboxeur. 

© Pierre PLANCHENAULT

« Salle des fêtes » vaut le détour. La France agricole a ses règles et pour des citadins bercés de bons sentiments écologiques, l’utopie est une voie sans issue.

La pièce « Salle des fêtes » est en tournée.

du 23 au 24 mars 2023 au ZEF, scène nationale de Marseille 
du 04 au 07 avril 2023 à 
La Comédie de Saint-Etienne 
du 25 au 29 avril 2023 à 
La Comédie de Saint-Etienne en décentralisation (dans le cadre de la Comédie itinérante)
le 5 mai 2023 à 
L’Odyssée, scène conventionnée de Périgueux 

COP 26 TROP DE BLA-BLA

5 novembre, 5 ème jour de la COP 26, des milliers de jeunes ont manifesté en scandant des « bla-bla-bla ! » dans les rues de Glasgow. Pour eux il y a d’un côté l’urgence climatique et de l’autre les « bla-bla-bla » des dirigeants.

BEN STANSALL / AFP

Cette réunion de l’espoir pour trouver les meilleures solutions pour réduire les gaz à effet de serre et le réchauffement climatique était déjà mal partie avec l’absence de trois grandes nations pollueuses, la Chine, la Russie et le Brésil. Aussi, cette réunion au sommet s’est retrouvée à la cave.

Le Monde a publié sur son site hier un article de sa journaliste Ruth Carter. Elle décrit le mécontentement de la jeunesse marchant dans les rues de la ville écossaise.

« Portant des banderoles, telles que « Défendez l’avenir », adolescents, jeunes adultes et enfants scandaient « Qu’est-ce qu’on veut ? La justice climatique ! Et pour quand ? Pour maintenant ! »

Rappelez-vous, le 28 septembre dernier, Greta Thunberg dénonçait, les « trente années de bla-bla » des dirigeants du monde. Ce jour là elle disait à la tribune

« Il n’y a pas de planète B, il n’y a pas de planète bla-bla, bla-bla-bla, bla-bla-bla, économie verte bla-bla, neutralité carbone en 2050 bla-bla. » 

Faut-il en rire ou en pleurer de cette situation. Le dessin de Coco qu’elle a publié il y a quelques jours dans Libération, vaut mieux que tous les grands discours.

COCO LIBERATION

En tant que citoyen français lambda, je sais qu’il faut se bouger pour sauver notre planète bleue qui s’assombrie de jour en jour. Un matin, on se retrouvera tous dans la nuit. Plus de soleil, il sera quelque part derrière un épais nuage de pollution. Voulons-nous continuer à porter des masques ? Parce que demain, ce ne sera plus la COVID 19 qui nous obligera à le faire, mais belle et bien la pollution qui nous empêchera de respirer.

Oui la jeunesse a raison de gueuler et de manifester à l’unisson de Greta Thunberg. Leur combat, c’est notre combat. On a foutu en l’air la planète sur laquelle ils vont grandir, vivre, évoluer, s’aimer.

Tous ces vains Bla-Bla-Bla de nos dirigeants me font penser à la chanson de Princesse Erika « Trop de bla-bla » qui l’a fait connaitre. Oui il y en a trop et sincèrement, ils me cassent les oreilles.

CATCH ! Coups bas et verbes hauts

© Fanchon Bilbille

Le théâtre de la tempête ouvre sa saison 2021-2022 en frappant un grand coup avec force manchettes et clés de bras sur un ring avec la pièce Catch mise en scène par Clément Poirée et servi par une troupe d’acteurs-lutteurs de haute voltige.

L’entrée se fait par l’extérieur. Deux rideaux bleu électrique surmontés d’un néon sur lequel brille Catch ! attire les spectateurs chalands. On entre et là les habitués du lieu ont un choc. La grande salle Serreau du théâtre de la Tempête a été totalement transformée. En lieu et place de la scène, trône un ring. De part et d’autre de celui-ci des gradins ont été installés. Les murs de la salle sont tagués. Côté cours, on aperçoit des grillages derrière lesquels est installé une batterie. L’attente. Soudain un homme et une femme s’adressent à nous. 

« Bonsoir à tous. Ici ce n’est pas du théâtre que vous allez voir mais du catch. Alors, n’hésitez pas à crier, à huer, à applaudir. Et à participer au spectacle qui se passe sous vos yeux. Si vous voulez circuler autour du ring, vous pouvez le faire mais à vos risques et périls… » 

Un catcheur masqué en combinaison argentée se glisse derrière la batterie et commence à taper avec son pied sur la pédale de la grosse caisse au rythme de « We will rock you » de Queen. Chanson musclée qui harangue les spectateurs et les chauffe avant les combats de catch théâtral qui vont se succéder durant près de trois heures (c’est un peu long).

© Fanchon Bilbille
Clément Poirée, producteur et metteur en scène

La vengeance féminine sur le ring

« C’est une forme un peu différente du travail d’acteur qui est de l’ordre de la représentation et de l’interprétation. Ce n’est pas tout du pur théâtre, ni tout à fait du pur catch. » Précise Clément Poirée. Nous assistons à du catch théâtral au cours duquel s’affrontent des personnages outranciers Battery Pork, Misandra, Kaapital, KassNoisette, Saturne ou Priapico. Ils usent des codes du catch pour abuser de la fourberie et se donner des coups bas, tout en lançant des coups de gueule. Si les combats ont été chorégraphiés par Vince Greenleaf, un catcheur professionnel, les textes des acteurs-lutteurs ont été écrit par cinq auteurs (Hakim Bah, Emmanuelle Bayamack-Tam, Koffi Kwahulé, Sylvain Levey et Anne Sibran) à la demande du metteur en scène. La majorité des textes mettent en mots la brutalité des rapports homme-femme. 

Pour Clément Poirée, « c’est un peu comme « un cadavre exquis, comme un inconscient collectif qui s’exprime car les auteurs ne sont pas concertés. Les combats mettent en scène des vengeances féminines. Sur le ring les femmes rendent les coups. Que soit le personnage de KassNoisette ou celui de Misandra. Ce sont de vraies amazones et des vraies combattantes. Elles occupent le ring tout autant que les hommes. » 

C’est tout vu. Allez expérimenter ce catch théâtral qui use de l’art du faux et de la cascade. Où l’on voit couler du sang, de la sueur et des larmes de pacotilles.

Mais attention, souvent le faux permet d’aborder de façon rapide et légère nos vrais problématiques sociétales.

Clément Poirée

Un spectacle protéiforme et hétérogène sans obligation de silence 

Avec Catch, les codes du théâtre en salle sont rompus. Cette parenthèse déjantée se situe entre le show spectaculaire du cirque et le théâtre de tréteaux de la comédia del arte, voire du spectacle de rue où les acteurs harangue la foule. Par moment, on se croirait revenu à l’époque de la TV en noir et blanc des années soixante, quand Roger Couderc commentait, avec son accent chantant du Lot, les matchs de catch entre Chéri Bibi et René Ben Chemoul. 

Avec son équipe d’acteurs, Clément Poirée avoue explorer de nouvelles voies de la représentation. 

« Celles-ci ne se réduisent pas au théâtre frontal ou d’experts qui vous regarde dans un silence religieux. C’est la foire, c’est grotesque et il n’y a aucun rapport d’obligation. Le spectateur prend ce qu’il veut dans ce spectacle protéiforme et hétérogène. Il est dans un autre rapport de liberté avec ce qu’il voit. »

C’est tout vu. Allez expérimenter ce catch théâtral qui use de l’art du faux et de la cascade. Où l’on voit couler du sang, de la sueur et des larmes de pacotilles.

Mais attention, souvent le faux permet d’aborder de façon rapide et légère nos vrais problématiques sociétales.

© Fanchon Bilbille

Assaut au Capitole – Trump la mort

©Photo AFP

Cinq personnes ont péri suite à l’attaque du Capitole par les sympathisants pro-Trump mercredi 6 janvier à Washington. Retour sur les faits. Corinne Deléchat, économiste à Washington, les analyse.

En milieu de journée, Donald Trump fait un discours à ses supporters près de la Maison-Blanche. Il conteste une fois de plus les résultats d’une élection présidentielle qu’il savait perdue. « Nous n’abandonnerons jamais ! » lance t’il.

Galvanisée, la foule se rend au Capitole où a lieu la certification des résultats pour entériner la victoire de Joe Biden.

Très rapidement, les forces de l’ordre sont submergées. Les militants parviennent jusqu’aux terrasses du Capitole, grimpent aux murs, cassent les fenêtres et pénètrent dans le siège du Congrès, munis pour les uns de drapeaux confédérés et pour les autres de symboles complotistes QAnon tandis que les agents de sécurité reculent devant la foule haineuse.

Les vidéos confirment l’extrême violence des manifestants. On voit un policier à terre roué de coups et des appels à « pendre » le vice-président Mike Pence, « le traitre », qui avait annonçait sur les réseaux sociaux qu’il ne s’opposerait pas à la certification des résultats des élections présidentielles. On voit des meutes pourchassant l’agent Eugene Goodman, de la police du Capitole, qui est parvenu à détourner l’attention des émeutiers alors qu’ils s’apprêtaient à faire irruption au milieu des tribunes du Sénat. Goodman, il porte bien son nom.

Cinq personnes ont péri dans l’attaque du Capitole : un policier frappé avec un extincteur, une manifestante abattue par un agent et trois sympathisants pro-Trump, sont morts aux abords du Capitole en raison « d’urgences médicales distinctes » …

Corinne Deléchat, économiste à Washington, analyse la situation

Comment a été perçue la prise d’assaut du Capitole par les sympathisants de Donald Trump ?

« Pour nous c’était un épisode de plus dans le feuilleton délirant qu’a été la présidence de Trump. C’était le dernier salto d’un président qui refusait jusqu’au bout d’accepter qu’il avait perdu. C’était aussi une atteinte grave à la démocratie américaine… La seule bonne nouvelle de la journée c’était la victoire des deux candidats démocrates… »

Il semblerait qu’il y ait eu des failles dans le service de sécurité. Quand pense les médias ?

« Il y a beaucoup de théories et de questions sur le sujet dans les médias. Des enquêtes sont en train d’être menées sur la base des images fournies par les caméras. Les faits troublants concernent la police du Capitole qui était seule face aux manifestants. Ils n’avaient pas reçu d’ordre et ne savaient pas comment gérer la foule. Le chef de la police du Capitole a menti sur le fait que la Garde Nationale devait intervenir. En conséquence, il a démissionné… Comme l’a précisé Joe Biden dans son discours, il y a eu une différence de traitement flagrant entre les manifestants blancs du Capitole et ceux qui étaient dans les manifestations Black Lives Matter cet été. »

Va-t-on tourner définitivement la page Trump ?

« Ce n’est pas le mouvement de Trump. Il a su capter ce mouvement sous-jacent et capitaliser dessus. Il a manipulé un groupe des gens, surtout des blancs, qui ont peur de l’arrivée des minorités, de la perte de leurs privilèges, de l’ouverture au monde et malheureusement, je pense que cela va continuer après lui. Ce que l’on peut espérer, s’il n’y a plus de figure forte en avant plan, c’est que cela perde de l’ampleur. »

Romainville demande conseil…municipal

Les écharpes tricolores du maire et des conseillers municipaux © Jean-Claude Djian

Par 27 voix sur les 35 élu(e)s des membres du nouveau Conseil municipal, François Dechy a été nommé maire de Romainville. Retour sur sa désignation, sur les projets d’urbanisme et sur les mesures d’urgence de la nouvelle équipe.

Samedi 4 juillet.

13h40. Plus de deux cents personnes invitées, masques devant le visage, se pressent devant la petite entrée du complexe sportif Colette-Besson.

« Et bien sûr, la grande entrée est réservée, comme il se doit, aux élus ! » Marmonne dans son masque un homme dans la queue.

Covid-19 oblige, c’est dans ce grand gymnase en plein centre de Romainville que va se tenir le Conseil municipal extraordinaire d’installation de François Dechy et de son équipe fraichement élue le 28 juin dernier.

13h50. Chacun prend son mal en patience avant de franchir la porte et de se retrouver sur le terre-plein du complexe sportif. Là, des agents de la police municipale et des hôtesses de la mairie contrôlent les noms et les papiers de chaque personnes sur des listes.

« Elle est là Madame le maire Corinne Valls ? » Demande une vieille dame à une hôtesse.

« Je ne sais pas Madame. Je ne l’ai pas encore vu. » Lui assure l’hôtesse.

13h55. Entrée dans le complexe sportif, sur des tables trônent des gros flacons de liquide hydro alcoolique. C’est dans la salle de basket que se tient l’évènement. Le public commence à s’installer dans les gradins du côté droit et sur des rangées de chaises espacées. Sur la moitié du terrain de basket, des grandes tables recouvertes de tissus rouge carmin sont installées en fer à cheval.

14h10. François Dechy arrive, traverse la salle en saluant son équipe et sort par une porte anti panique qui mène dehors. Il a quelques minutes avant que ne commence la séance du conseil municipal et il veut se concentrer sur son discours d’investiture.

14h20. Il rejoint la salle l’air plus détendu. Une partie des futurs conseillers municipaux s’assoient à leur place autour des tables, tandis que d’autres, élu(e)s de la majorité, se prennent en photo et font des selfies. C’est une nouveauté pour nombre d’entre eux

14h30. Bruit de clochette. Le Conseil municipal commence. Bruno Lotti, s’adresse au public  au micro

« En tant que premier maire adjoint sortant en l’absence de Corinne Valls, maire sortante en exercice, il me revient d’introduire la séance et de déclarer installer leurs fonctions les conseils municipaux élus lors du scrutin du 28 juin dernier. »

15h30. Après avoir reçu son écharpe tricolore, François Dechy fait son discours d’investiture

« Notre méthode, c’est l’échange. C’est la circulation entre ceux qui sont à la mairie et ceux qui n’y sont pas. La mairie n’est pas une porte fermée. Ce n’est pas une forteresse, ce n’est pas une prison ou un refuge pour les élus… » Il demande aux élus de l’opposition de participer aux débats contradictoires. « Ils sont sains et nécessaires. »

François Dechy, Maire de Romainville

15h45. En réponse à François Dechy, Tassadit Chergou, porte-parole des élues de l’opposition signale qu’ils seront.

« Une opposition exigeante et constructive, force de proposition…Exacte contre-pieds de l’ancienne opposition municipale… »

Tassadit Chergou, élue de l’opposition

Audio Extrait Tassadit Chergou

15h50. Vote et nomination des membres du nouveau conseil municipal. Le conseil durera plus de deux heures entre l’appel des élus, les votes, la nomination du maire, son discours, celui d’une élue de l’opposition et la nomination des conseillers municipaux. Un temps incompressible et un déroulement obligatoire.

16h15

Rideau de fer baissé à la permanence d’Autrement © Jean-Claude Djian

A la sortie du Conseil municipal, passage devant la permanence de la liste Autrement du nouveau Maire au 33 de la Rue de Paris. Le rideau de fer blanc était baissé. Normal. Ce lieu de réunion de l’équipe de campagne à quoi servira t-il demain ?

Déambulation vers la mairie toute proche pour prendre le bus 129, direction Mairie de Montreuil. Dans l’attente du bus, direction l’esplanade de la mairie en travaux. Un jeune couple, qui venait de se marier, sortait de l’hôtel de ville. Ils s’embrassaient devant une dizaine de parents. Petits applaudissements, légers youyous. Éviter d’être trop démonstratifs. Le Covid-19 est encore dans les esprits.

L’Urbanisme selon Dechy

François Dechy

On a reproché à l’ancienne municipalité une bétonisation à outrance et un des points capital du nouveau maire est l’urbanisme. Le 18 juin dernier, 10 jours avant le second tour François Dechy s’était exprimé sur cette problématique et avait évoquer un moratoire concernant  le futur des constructions de la ville.

« L’idée est de repenser l’urbanisme à l’aune des besoins des habitants. On ne peut plus avoir un urbanisme qui transforme des lieux d’activité, des lieux d’emplois en logements. Nous avons pris l’engagement de s’opposer à toutes constructions qui supprimeraient des emplois. Car le grand risque serait de faire de Romainville une ville dortoir qui se vide de ses entreprises et qui repousse les habitants les moins fortunés vers d’autres villes. »

Audio mesures d’urgence

Dans son entretien, François Dechy revient sur les mesures d’urgence à prendre face à la crise sanitaire. Il évoque le choix de rouvrir les écoles dès le 17 aout pour mettre en place un programme d’accompagnement et de soutien scolaire ; comment on vient en soutien de l’activité économique ; comment on recrée de la convivialité pendant l’été. Pour la jeune équipe et son Maire, l’été sera chaud à Romainville. Ce sera le moment de se retrousser les manches.