Idem : une pièce exutoire.

Idem

©D.R

Le théâtre de la Tempête présente Idem, création collective de la troupe des Sans Cou inspirée de la prise d’otage du théâtre de la Doubroska de Moscou en 2012. Expérience d’un Spectacle Vivant.
Une annonce comme un prologue

Igor Mendjisky, metteur en scène de la pièce Idem, prend la parole avant que les  comédiens n’entrent sur le plateau. « Après  ce qui s’est passé le vendredi 13 novembre, il me semblait essentiel de dire un mot avant la représentation. On a monter Idem en tentant de s’interroger sur ce que pouvait être l’identité et notamment de ce que pouvait être les identités meurtrières…Dans le spectacle il y a une scène de prise d’otages qui se voulait extrêmement froide et réaliste. Nous n’avons pas voulu la couper mais vous la raconter plus que de la jouer pour tenter de faire  preuve d’une certaine pudeur par rapport aux évènements tragiques. »

Tragi comédie identitaire

Prise d’otage dans un théâtre en pays inconnu. Rafales de kalachnikov en pleine représentation. Un homme s’écroule, un autre perd la mémoire. Que faisait-il là ? Etait-il spectateur, comédien ou membre du groupe des terroristes ? Le thème de la pièce sur l’identité est planté. Cet homme perdu, qu’on appelle Alban le français, est comme une coquille vide fragile et malléable à merci. « Quand on ne sait plus qu’y on est et qu’on vous offre une veste chaude, une camaraderie, un groupe. On y va. » Cette réplique qui donne un sens à l’embrigadement a une résonance particulière avec l’actualité. L’identité meurtrière colle aux basques de l’homme amnésique. Ce moment tragique, n’est que le point de départ de la pièce. Durant trois heures, les huit comédiens nous font rencontrer une panoplie de personnages tragiques et  burlesques à la fois. La femme du disparu qui cherche son mari a en perdre la raison, une troupe de super héros qui veulent sauver le monde, un faux auteur excentrique, un poète gourou qui harangue les foules… Et comme un leitmotiv, la fille d’Alban le français qui passe des dizaines de coups de fils à des inconnus en quête de son père. Avec ces personnages, nous passons de l’âpreté du réel à la douceur du rêve, de la tragédie au rire. En regardant ces situations kaléidoscopiques, nous ressentons l’urgence de ce récit chorale. Les thèmes identitaires abordés se répondent et résonnent avec le public. Identité individuelle, identité de groupe, identité artistique, qui ne les a pas recherchés ? Les Sans Cou nous donne à voir un patchwork du monde, de l’actualité. Quand, à la fin de la représentation, les comédiens devant le plateau saluent les spectateurs en faisant mine de se pendre le poing en l’air, on comprend la saveur d’aller au théâtre et d’y trouver un exutoire nécessaire.

La nécessité de jouer pour les Sans Cou

Les attentats de Paris ont renforcé leur posture d’acteur. Pour Igor Mendjisky « la réalité est venue frapper fort à la porte de notre fiction. Cela nous bouleverse terriblement. En même temps, il ne faut que cela nous empêche de faire notre métier. Nos mots sont nos armes et il faut continuer à s’en servir ». Paul Jeanson puise ses forces dans la troupe. « Elle nous porte. Après les attentats on était tristes et le fait d’être ensemble, cela nous a permis de retrouver la blague, l’humour, l’envie d’être sur scène.» Clément Aubert avoue aussi que « remonter sur scène a été une nécessité. Quand on a rejoué la pièce, on s’est rendu compte que les spectateurs avaient besoin de cet effet catharsistique. Ils se disent touchés. Quelque chose s’est passée en eux. »  Arnaud Pfeiffer affirme rôle de comédien en étant « sur un plateau à travers un texte, un personnage. La meilleure réponse, c’est le spectacle qu’on joue qui est criant de vérité dans l’actualité. »

Retrouver des extraits de la pièce IDEM et des interviews d’Igor Mendjisky et de comédien de la troupe des Sans Cou

IDEM par la troupe des Sans Cou se joue au théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes jusqu’au 13 décembre

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