The Marriage of Figaro in Cormeilles: Mozart at the Edge of the Voice

Ambrose Connolly as Figaro

Figaro’s Cavatina “Se vuol ballare”

On August 6, the 17th edition of the Musicales de Cormeilles Festival welcomed, for the thirteenth time, the British company Diva Opera. Their production of The Marriage of Figaro turned the theater in this Normandy town into a chamber-like jewel box, offering the audience an intimate immersion into Mozart’s world.

Bryan Evans, Diva Opera’s musical and artistic director, was enough to convey both the vitality and the gravity of Mozart’s score. The deliberately pared‑down staging left space for voices, glances, and breaths. Close to the spectators, the singers built a warm dialogue, transforming opera from spectacle into shared experience.

Photo©Jean-Claude Djian

The Countess’s Cavatina “Porgi amor qualche ristoro”

The Singers Up Close

One could hear the natural grain of their voices, the tension of their breath. At the heart of the intrigue, Ambrose Connolly embodied a Figaro full of charm and mischievous energy. Beside him, Tereza Gevorgyan shone as Susanna, combining liveliness and grace. Mary McCabe, as the Countess, offered a sensitive performance, blending nobility with sorrow and forgiveness. Jean-Kristof Bouton gave the Count a nuanced depth, at once authoritative and disoriented.

Photo©Jean-Claude Djian

Susanna’s Aria “Venite, inginocchiatevi, restate fermo lì!”

Diva Opera: 29 Years of Operatic Adventures

Founded in 1996 by former New Zealand soprano Anne Marabini Young and pianist Bryan Evans, Diva Opera was created to bring opera to places where it is rarely seen. This year, the troupe celebrates its 29th anniversary. Performing more than forty shows annually with two works each season, Diva Opera remains a close‑knit family of twenty artists who live and travel together. This spirit of ensemble is the hallmark of their unconventional operatic journey. In 2025, Diva Opera tours with Don Pasquale by Donizetti and Mozart’s The Marriage of Figaro.

In 2025, Diva Opera tours with Don Pasquale by Donizetti and Mozart’s The Marriage of Figaro.

Photo©Jean-Claude Djian

The Count’s Aria “Vedrò mentr’io sospiro”

Les Musicales de Cormeilles: Roots and Horizons

Seventeen years ago, Éric Dumont and his team founded the festival with strong local ties, supported by local businesses and artisans. Under the theme Viva la Vida, the 2025 edition celebrated life in all its musical forms. In the gentle summer nights of Cormeilles, far from the grandeur of major stages, Mozart was experienced as an intimate conversation.

On August 6, The Marriage of Figaro was not only performed – it was shared. With Mozart, the momentum became universal.

Portrait of the Troupe

Les Noces de Figaro de Diva Opera

Photo©Jean-Claude Djian

Voices Behind the Adventure

  • Mary McCabe (Countess) – Irish soprano, acclaimed for vocal warmth, power, and emotional depth.
  • “The Countess is a deeply moving role, because I feel her fragility. I find in her the human sorrows I have also lived, and that makes performing her so intimate.”
  • Tereza Gevorgyan (Susanna) – Armenian soprano, internationally recognized, with a wide operatic and concert repertoire.
    “At Diva Opera we become a family. Singing so close to the audience changes everything: you can meet their eyes, sing directly to them. Susanna is a huge role – long and demanding – but the public loves her.”
  • Ambrose Connolly (Figaro) – British baritone, winner of the international Serebranie Rosi Opera Prize.
    “With Anne and Bryan, everything makes sense. These are not just roles, but real stage relationships. Our mission is to tell a story in an intimate and living space, and the energy comes from that.”
  • Jean-Kristof Bouton (Count) – Franco‑Canadian baritone, active across European stages in leading roles.
    “Diva Opera does not recruit only for the voice, but for the ability to work together. There is real chemistry between us, and you feel it on stage. Singing with this troupe gave me opportunities in England – and then I fell in love with them.”

Photo©Jean-Claude Djian

Voices Behind the Adventure

Bryan Evans, Music Director
“We wanted to bring opera where it was not expected. The voice only comes alive in relation to others and to the audience.”

Anne Marabini Young, Co‑Founder of Diva Opera
“Over the years we have become a true family. Travelling, living and singing together creates a unique alchemy on stage.”

Éric Dumont, Director of Les Musicales de Cormeilles
“We receive only 25% of our funding through subsidies, but that fragile balance creates real strength: the support of the community. Diva Opera, through its loyalty, perfectly embodies the bond between artistic excellence and local roots.”

Jean-Claude Djian

Les Noces de Figaro à Cormeilles : Mozart à fleur de voix

Ambrose Connolly Figaro

Cavatina de Figaro « Se vuol ballare »

Le 6 août, le festival Les Musicales de Cormeilles a accueilli pour la treizième fois la troupe britannique Diva Opera. Avec Les Noces de Figaro, la compagnie a su transformer l’intimité du théâtre normand en un moment d’exception.

La soirée au Théâtre de Cormeilles est pleine d’animation. L’excitation monte à mesure que les spectateurs prennent place, curieux de découvrir ou redécouvrir ce chef-d’œuvre de Wolfgang Amadeus Mozart joué en italien, avec sous-titres et costumes d’époque. Sur scène, le décor est minimaliste, quelques meubles, un grand paravent et sur la gauche, un piano à queue Steinway & Sons. La simplicité est de rigueur pour la troupe Diva Orchestra.

Photo©Jean-Claude Djian

Cavatina de la Comtesse « Porgi amor qualche ristoro »

Un Mozart épuré et vibrant

Pas d’orchestre au complet : un piano suffit. Bryan Evans, directeur musical et artistique de Diva Opéra restitue seul l’élan de toute la partition. Cette épure permet d’entendre chaque détail de la musique de Mozart comme une conversation intime. La scène, volontairement dépouillée, favorise la concentration sur les voix et les gestes. Cette proximité transforme la représentation en un moment partagé, où l’opéra cesse d’être spectacle pour devenir dialogue.

Photo©Jean-Claude Djian

Aria de Susanna «Venite, inginocchiatevi, restate fermo li ! »

Les chanteurs, au plus près du public

On perçoit le grain de leur voix, la tension de leur souffle. A travers les jeux d’acteurs se lit l’émotion qui passe de visage en visage et l’on entend chaque inflexion, chaque nuance. Au cœur de l’intrigue, Ambrose Connolly incarne un Figaro plein de charme et d’espièglerie, très juste dans les moments de malice comme dans les instants plus tendres. À ses côtés, Tereza Gevorgyan rayonne dans le rôle de Suzanne, mêlant vivacité et grâce dans ses dialogues et airs. Mary McCabe, en Comtesse, offre une interprétation sensible, où la noblesse se mêle à la douleur et au sens du pardon. Jean-Kristof Bouton prête au Comte une profondeur nuancée, représentant à la fois l’autorité et la confusion d’un homme soumis aux passions.

Photo©Jean-Claude Djian

Aria du Comte « Vedrò, mentr’io sospiro »

Un public surpris… puis conquis

Les oeuvres montées par Diva Opera sont pensées pour s’adapter aux petites salles : plus courtes, centrées sur l’essentiel de l’intrigue, elles servent les arias, duos et ensembles en conservant l’âme de l’œuvre. Ce 6 août, le public a découvert ou redécouvert Mozart de près. Dès les premières répliques, un étonnement réjoui parcourt la salle. Et à mesure que l’intrigue se déploie, l’alchimie entre scène et salle devient évidente. Les chanteurs, habités par leur rôle, multiplient clins d’œil et échanges de regards avec l’assistance. L’ultime accord retentit, et une ovation, longue, éclatante vient sceller la réussite de cette soirée.

Pour sa 27ᵉ édition, le festival célébrait la vie avec son thème Viva la Vida. Dans la douceur nocturne de Cormeilles, loin du faste des grandes scènes, Mozart se vivait comme une conversation intime.

Repères

Portrait de troupe

Jean-Claude Djian

Les Noces de Figaro de Diva Opera
Photo©Jean-Claude Djian

4 chanteurs à toute voix

Mary McCabe (La Comtesse) : soprano irlandaise, formée à Queen’s University de Belfast et au Royal Conservatoire of Scotland. Les médias spécialisés saluent sa voix de soprano pour sa puissance, sa chaleur et sa capacité d’incarner la profondeur émotionnelle de ses personnages

« La comtesse est un rôle très émotionnant parce que je vois sa fragilité. J’adore son caractère, il a quelque chose de très réel. J’ai moi-même fait l’expérience de la douleur de l’amour, et je retrouve cela dans ce rôle. Anne m’a contacté pour le rôle et j’ai dit oui. »

Tereza Gevorgyan (Susanna) : soprano arménienne, s’est formée à Erevan puis à la Royal Academy of Music de Londres. Artiste lyrique reconnue sur la scène internationale, elle a interprété un vaste répertoire d’opéra et de concerts.

« Chez Diva Opera, on devient une famille. En tournée, nous faisons tout ensemble, il se crée une vraie confiance. C’est bouleversant de chanter si près du public, on peut croiser son regard, lui chanter directement. Cela change tout. Susanna est un rôle immense, long et difficile, notamment avec ses récitatifs… Le public adore ce rôle et vous vous de le faire parfaitement. »

Ambrose Connolly (Figaro) : baryton britannique formé à Londres et à Kazan en Russie. Il est lauréat du prix international de chant d’opéra Serebranie Rosi.

« Avec Anne et Bryan, tout prend sens : ils insufflent une culture de troupe qui fait qu’on vit vraiment la musique de l’intérieur. Sur scène, ce ne sont pas que des rôles : ce sont des amitiés sincères, réelles, vécues. Notre rôle de chanteur et de raconter une histoire dans un environnement intime et c’est pour cela qu’il y a cette énergie. »

Jean-Kristof Bouton (Le Comte) : baryton franco-canadien formé à Montréal et Bucarest, a débuté au Romanian National Opera Iași avant de se produire dans de nombreux théâtres européens, incarnant des rôles majeurs du répertoire.

« Pour Anne Marabini et Bryan Evans, le choix des chanteurs ne se fait pas seulement sur la voix mais aussi sur notre capacité à travailler ensemble. Il y a une vraie chimie entre nous. Diva Opéra m’a donné la chance de chanter en Angleterre et puis, je suis tombé en amour avec eux. »

Diva Opera, 29 ans d’aventures lyriques

Photo©Jean-Claude Djian

La troupe a été créée en 1996 par Anne Marabini Young, ancienne soprano néo zélandaise et Bryan Evans. Diva Opera a fait de l’adaptation au petit format sa spécialité. Objectif : ouvrir l’opéra à des lieux où il n’arrive que rarement. En 2025, Diva Opera fête ses 29 ans d’existence Aujourd’hui, la troupe donne plus de quarante représentations par an, notamment en France, au Royaume-Uni, dans les îles Anglo-Normandes et en Afrique du Sud. Chaque année, deux opéras sont montés. Cette année  la troupe tourne avec Don Pasquale de Gaetano Donizetti et Les Noces de Figaro de Mozart.

 « Nous voulions apporter l’opéra là où il n’était pas attendu, presque comme un réveil pour de nouveaux publics. Le chant ne peut pas être quelque chose de purement individuel. Les chanteurs doivent se connecter les uns aux autres », confie Bryan Evans. « Au fil du temps, c’est vraiment devenu une famille. Comme nous voyageons et vivons ensemble presque toute l’année, il se crée une véritable complicité, une alchimie entre nous. Cela se voit sur scène : le spectacle est meilleur lorsque les artistes se connaissent bien », ajoute Anne Marabini Young.

Les Musicales de Cormeilles : Racines et Horizons

Créé il y a 17 ans par Éric Dumont, le festival les Musicales de Cormeilles a pour particularité d’inviter toutes les musiques : du classique au jazz, du rock à l’opéra. Diva Opera y est attendue chaque année. Leur fidélité a écrit une histoire d’attachement partagé. Le festival vit grâce à un tissu local : commerçants, artisans et entreprises régionales soutiennent l’événement.

« Le public adore Mozart, et quand, Diva Opera l’interprète ici, c’est toujours un succès. Leur présence nous honore. Nous avons peu de subventions, seulement 25% de notre budget. Mais, cette fragilité crée aussi une force : l’ancrage local fait partie du festival », précise Éric Dumont.

The Greenwich Trio: from Bach to Rihm, the diagonal of sound.

Photo © Jean-Claude Djian

On July 19, the Greenwich Trio captivated the audience at the Festival Hier & Aujourd’hui with a bold and contrasting program. From the rigor of Bach to the romantic depth of Brahms, through the modern sounds of the German composer Wolfgang Rihm.

July 19, Parc du Château de Marolles at 6:00 PM — the audience gathers to share a drink and exchange impressions. Tonight’s concert by the Greenwich Trio is eagerly awaited, as the ensemble is internationally renowned.
Formed in 2006, the Greenwich Trio is the recipient of prestigious awards such as the Solti Foundation, the Tunnell Trust Award, and the Beethoven Society of Europe Competition. Their trajectory includes invitations to renowned international festivals: Santander, Rheingau, Ljubljana, Bath, among others. Their recordings of the Brahms Trios (Linn Records) received five stars from BBC Music Magazine.

For its 5th edition, the Hier & Aujourd’hui Festival, organized by the Adour Association, chose to hold its programming under the metal structure of a hall designed by Gustave Eiffel. A subtle tension arises in the gentle night of Touraine; the hall comes alive, the light dims gradually, softened by spotlights aimed at the stage. Right at 7:30 PM, the audience heads under the hall, which fills with a solemn yet convivial atmosphere.

Lana Trotovšek Photo © Jean-Claude Djian

Excerpt from the Chaconne of Bach’s Partita No. 2 in D minor

Solo violin: Where the Past Meets Modernity
Lana Trotovšek enters the stage. The Slovenian violinist, with an international career, performs Bach’s Chaconne from Partita No. 2 in D minor. This demanding piece, written for solo violin, is a monument of the Baroque repertoire. The artist crafts a rigorous sonic architecture—each variation reveals a different emotion, tinged with gravity, fervor, and nostalgia. It is a technical and expressive feat, where the past encounters modernity.

Heather Tuach & Yoko Misumi Photo©Jean-Claude Djian

Excerpt from Brahms’s Sonata No. 2 in F Major, Op. 99

Musical Exchange between Piano and Cello
Next on stage is Japanese pianist Yoko Misumi, accompanied by Canadian cellist Heather Tuach. The duo performs Brahms’s Sonata No. 2 in F Major, Op. 99. This dialogue between piano and cello is marked by restrained romantic intensity, blending tenderness and depth—a true musical exchange.

Yoko Misumi & Lana Trotovšek Photo © Jean-Claude Djian

Excerpt from Brahms’s Sonata No. 3 in D minor, Op. 108

Piano-Violin: Between Heroic Gestures and Subtle Melancholy
The cello gives way to the violin as Lana Trotovšek and Yoko Misumi team up for Brahms’s Sonata No. 3 in D minor, Op. 108. This intense, contrasting work demands much from both performers: lyricism, dramatic energy, nostalgia. Lana Trotovšek, on her 1750 Treviso violin, produces a warm and poetic sound. Yoko Misumi responds attentively, with precision and passion. Their duo expands the sonic universe—tension, heroic gestures, subtle melancholy. Their chemistry is palpable.

The Trio: All about Contrasts
Finally, the trio reunites to close the evening with a contemporary work, Fremde Szene III, by German composer Wolfgang Rihm. The piece, marked by interruptions, silences, raw and introspective atmospheres, demands complete cohesion among the three artists. Together, they plunge the audience into a fragmented, almost cinematic soundscape. The contrasts are striking, the passages intensely rarefied. More united than ever, the trio displays uncommon confidence in tackling demanding contemporary music. When the final chord fades after Fremde Szene III, the audience gives the trio a warm ovation. There is a sense of having witnessed a rare moment: a concert in which every note was thoughtful, heartfelt, shared, demanding, alive.

The Greenwich Trio – Photo © Jean-Claude Djian

Interview with Heather Tuach, Yoko Misumi and Lana Trotovšek

One Trio, Three Soloists, One Shared Story The three musicians live in London and meet regularly to rehearse when they have no other artistic commitments. For them, playing together is a unique experience.
“We truly enjoy playing together. It brings us real joy to be the three of us on stage. Playing as a trio is our passion,” says Heather Tuach.
“Performing as three in concert is like blending together. When one of us tries something new, it surprises us, but above all, it delights us.”
“The important thing when playing together is listening to each other. Communication is essential and it comes naturally to us,” Lana Trotovšek adds. “With our instruments, sometimes we sing, sometimes we talk among ourselves. Making music is like making love beyond the clouds.”

Interview with Pascaline Ponti, Production Manager of Hier & Aujourd’hui Festival

The Spirit of the Hier & Aujourd’hui Festival Embodied
The Hier & Aujourd’hui Festival is an act of transmission: it allows the wider public, in a friendly setting, to experience the contrast of musical eras. One realizes that new music can converse with the great works of the past.

“We don’t work in a very orthodox way. We suggest programs to the artists,” explains Pascaline Ponti. “That’s been our credo since the festival’s inception. With Xenakis’s ‘Kassandra’ and Bach, we balance two times coming together. When you hear Rihm’s piece tonight, you sense its connection to Beethoven. For the artists, contemporary and classical repertoires have a different sound and sharpness. They listen closely. There’s an almost spiritual, personal quest for sound. Whether it’s Xenakis, Rihm, or Monteverdi, for us, there are no boundaries—only musical gestures.”

The program was designed to provoke, fascinate, and move. The festival doesn’t just present a concert; it tells a story of musical contrast and complementarity. Since its founding in 2021, the Adour Association has sought to bring together major works from the classical repertoire and contemporary creations in a single event, to break from the notion that novelty and tradition are opposed. By proposing works by Bach, Brahms, and Rihm in a single program, the Greenwich Trio fully embodies the festival’s mission—bringing meaning to the temporal loop between past and present.

The Greenwich Trio gave the Hier & Aujourd’hui Festival a remarkable evening under the Gustave Eiffel hall at Château de Marolles, in Genillé. A bold program, ranging from Bach and Brahms to Rihm, performed by three exceptional musicians. An exacting, moving performance, conceived as a narrative path—from solo works to contemporary creation—illustrating the primary aim of the festival: to make the dialogue between music of yesterday and today resonate. For the audience, it was an immersion in the world of chamber music: both accessible and refined, rooted in tradition, and open to the present. A true ode to living music, to be shared and relived.

Discover Greenwich Trio on their latest album
Brahms Piano Trios Vol. 1 No. 2 in C major, Op 36 & 87 – 01 Allegro

Le Greenwich Trio : de Bach à Rihm, la diagonale du son

Photo © Jean-Claude Djian

Le 19 juillet, le Greenwich Trio a captivé le public du Festival Hier & Aujourd’hui avec un programme audacieux et contrasté. De la rigueur de Bach à la profondeur romantique de Brahms, en passant par les sonorités modernes du compositeur allemand Wolfgang Rihm.

Parc du Château de Marolles 18h00, le public se rassemble pour partager un verre et échange des impressions. Pour sa 5ᵉ édition, le festival Hier & Aujourd’hui, porté par l’association Adour, a choisi d’accueillir sa programmation sous la structure métallique d’une halle signée Gustave Eiffel. Une tension discrète s’installe dans la douceur de la nuit tourangelle. La halle prend vie, la lumière s’assombrit doucement. A 19h30, le public se dirige sous la halle qui se remplit dans une atmosphère à la fois solennelle et conviviale.

Photo © Jean-Claude Djian

Extrait de la Chaconne de la Partita n° 2 en ré mineur de Bach

Violon solo quand le passé retrouve sa modernité.

Lana Trotovšek entre en scène. La violoniste slovène, à la carrière internationale, interprète La Chaconne de la Partita n° 2 en ré mineur de Bach. Cette pièce exigeante, écrite pour violon seul, est un monument du répertoire baroque. L’artiste déploie une architecture sonore rigoureuse : chaque variation révèle une émotion différente empreinte de gravité, de ferveur et de nostalgie. Prouesse technique et expressive, où le passé retrouve sa modernité.

Photo © Jean-Claude Djian

Extrait de la Sonate n° 2 en fa majeur, op. 99 de Brahms

Échange musical piano-violoncelle

Arrivée sur scène de la pianiste japonaise Yoko Misumi accompagnée d’Heather Tuach, violoncelliste canadienne. Le duo interprète la Sonate n° 2 en fa majeur, op. 99 de Brahms. Ce dialogue entre piano et violoncelle est d’une intensité romantique retenue, mêlant tendresse et profondeur. Un véritable échange musical.

Photo © Jean-Claude Djian

Extrait de la Sonate n° 3 en ré mineur, op. 108 de Brahms

Le trio tout en ruptures

Extrait de Fremde Szene III de Wolfgang Rihm

Enfin, le trio se recompose pour clore la soirée avec la création contemporaine du compositeur allemand Wolfgang Rihm, Fremde Szene III. La pièce, marquée par des ruptures, des silences, des climats bruts et introspectifs, exige une cohésion totale des trois artistes. Ensemble, elles plongent le public dans un paysage sonore fragmenté, presque cinématographique. Les contrastes sont saisissants : des passages d’une rare intensité. Le trio, plus soudé que jamais, fait preuve d’une assurance peu commune dans une musique contemporaine exigeante.

Photo © Jean-Claude Djian

Interview de Heather Tuach, Lana Trotovšek et Yoko Misumi

Un trio, trois solistes, une histoire commune

Les trois musiciennes du Greenwich Trio vivent à Londres et se voient régulièrement pour répéter quand elles n’ont pas d’autres obligations artistiques. Pour elles, jouer ensemble est une expérience unique .
 » On aime jouer ensemble. Ça nous apporte un réel plaisir d’être toutes les trois sur scène. C’est notre passion de jouer en trio avoue Heather Tuach. » « Jouer à trois en concert, c’est comme se mélanger. Quand l’une d’entre nous fait quelque chose de nouveau, cela nous étonne mais surtout, cela nous rejouit. »

« La chose importante quand on joue ensemble, c’est de s’écouter. Communiquer est essentiel et le nous le faisons naturellement. Précise Lana Trotovšek. Avec nos instruments, parfois on chante, parfois on parle entre nous. Faire de la musique c’est comme faire l’amour au delà des nuages. »


Le Greenwich Trio, formé en 2006 est lauréat de prestigieux prix comme la Fondation Solti, le Tunnell Trust Award et le concours de la Beethoven Society of Europe. Le parcours du trio est jalonné d’invitations à des festivals internationaux de renom : Santander, Rheingau, Ljubljana, Bath, etc. Leur enregistrement des trios de Brahms (Linn Records) a récolté les cinq étoiles du BBC Music Magazine.

Interview de Pascaline Ponti, chargée de prodcution du festival Hier & Aujourd’hui

L’esprit du Festival Hier & Aujourd’hui incarné

Le festival Hier & Aujourd’hui propose un acte de transmission : il permet au grand public, dans un cadre convivial, d’expérimenter le contraste d’époques musicales. On comprend que la musique nouvelle peut dialoguer avec les chefs‑d’œuvre originels.

« Nous ne travaillons pas de manière très orthodoxe. Nous proposons, aux artistes, des programmes. Précise Pascaline Ponti. C’est notre crédo, depuis la création du festival. Avec Kassandra de Xenakis et Bach on est dans l’équilibre de deux temporalités qui se rejoignent. Quand on entend la pièce de Rihm de ce soir, on se dit qu’elle est liée à Beethoven. Pour les artistes le répertoire contemporain et classique ont une sonorité et une acuité différente. Ils sont à l’écoute. Il y a chez eux comme une obsession du son. Ils sont en recherche personnelle presque spirituelle. Que ce soit Xenakis, Rihm ou Monterverdi pour nous, il n’y a pas de barrière, il n’y a que des gestes musicaux. »

Le programme a été conçu pour interpeller, fasciner, émouvoir. Le festival ne se limite pas à présenter un concert, il raconte une histoire de contraste et de complémentarité musicale. Dès sa création en 2021, l’association Adour a voulu réunir dans un même événement des œuvres majeures du répertoire et des créations contemporaines, pour rompre avec l’idée que nouveauté et tradition sont opposées. En proposant les œuvres de Bach, Brahms, Rihm dans un même programme, le Greenwich Trio incarne pleinement la vocation du festival, donnant sens à la boucle temporelle entre passé et présent.


Le Greenwich Trio a offert au Festival Hier & Aujourd’hui une soirée d’exception sous la halle Gustave Eiffel du château de Marolles, à Genillé. Un programme audacieux, entre Bach, Brahms et Rihm, servi par trois musiciennes d’exception. Une prestation exigeante, émouvante, pensée comme un parcours narratif — du solo à la création contemporaine — illustrant la vocation première du festival : faire résonner le dialogue entre musiques d’hier et d’aujourd’hui. Pour le public, ce fut une plongée dans l’univers de la musique de chambre : à la fois accessible et raffinée, ancrée dans la tradition, ouverte au présent. Une vraie ode à la musique vivante, à partager et à revivre.
 

Retrouvez Greenwich Trio dans leur dernier album

Brahms Piano Trios Vol.1 No 2 in C major, Op 36 & 87 – 01 Allegro


 

Désinfox-Migrations 

Quel est le parcours type d’une demande d’asile ? Les frontières sont-elles des passoires ? Comment analyser le mythe du grand remplacement ? Le site Désinfox-Migrations analyse ces sujets qui font régulièrement débats dans les médias et sur la scène politique.

Désinfox-Migrations est une association créée en mars 2020 dont le but est de contribuer à un débat public sur les migrations de qualité, informé, fondé sur des faits et analyses scientifiques et abordé avec davantage de mesure et d’objectivité par les responsables politiques et les citoyens. 

Organiser un circuit court

Le projet porté par Désinfox-Migrations consiste à organiser un circuit court de coopération, d’échanges et de circulation de l’information et de la connaissance, entre des chercheurs, des experts et des journalistes pour contribuer à prévenir et rectifier les fausses informations (infox et propos de mésinformation) sur la thématique des migrations (immigration, asile, intégration etc.). 

Le discours politique utilise les rouages de la désinformation

Tania Racho, Animatrice et coordinatrice de Désinfox-Migrations, Docteure et enseignante en droit européen, analyse le discours politique face aux questions migratoires.

Interview de Tania Racho

Le discours politique, quand il se saisit de la question de la migration, il le fait clairement pour marquer une position forte. On est alors sur les mêmes rouages que ceux de la désinformation et l’on va faire appel à des émotions fortes comme la colère, la haine, le rejet et la peur. Et c’est comme cela que l’on va avoir une adhésion immédiate aux propos. C’est dans ce sens-là que les personnalités politiques vont se saisir des questions migratoires et en oubli une grande partie, pour se concentrer sur une infime minorité de personnes qui traitent les étrangers de délinquants… Avec les informations en termes de migrations, on sait que l’on peut très vite basculer en discours de haine et pour nous il est primordial de maintenir un cap contre les discours de haine et de contextualiser avec des chiffres et de la recherche. 

Des faits contre les infox

Le projet de Désinfox-Migrations repose par ailleurs sur les principes de s’appuyer sur les faits et des sources vérifiées pour contrer les infox, s’adresser aux 40% de français (les « ambivalents » selon les spécialistes de l’opinion) qui cherchent à se faire une opinion et sont eux-mêmes partagés entre plusieurs attitudes vis-à-vis des étrangers et des immigrés ; ne pas adopter un positionnement ni un ton militant ; les actions portent essentiellement sur les propos écrits ou oraux tenus dans les médias par des responsables politiques de toutes orientations politiques, compte tenu du poids de leurs paroles dans l’opinion.

Une initiative issue de 4 observations

1 La récurrence des infox et présentations caricaturales sur les questions liées aux migrations contribuant à la construction de préjugés et d’opinions négatives.

2 Le manque de responsabilisation des représentants politiques qui instrumentalisent le sujet des migrations dans un contexte de polarisation des discours.

3 L’effet « caisse de résonance » des médias et des réseaux sociaux, qui amplifient le « bruit » autour des migrations et contribuent à une circulation instantanée des infox.

4 Les limites rencontrées par les initiatives existantes de chercheurs, médias et associations pour lutter contre les infox (cloisonnement, temporalité, technicité du sujet etc.).

Palais de la Porte Dorée. Faire musée d’une histoire commune

Le Musée National de l’Histoire de l’Immigration présente sa galerie permanente avec un espace entièrement renouvelé, plus didactique et évolutif intégrant les recherches récentes sur l’immigration en France.

© Cyril Zannettacci

Au travers de documents d’archive, de photographies, de peintures, de sculptures, d’affiches, de parcours de vie, et d’outils de médiations numériques, le visiteur comprend que l’histoire de l’immigration et comprendre qu’elle est une composante indivisible de l’histoire de France.

Une scénographie jalonnée en 11 dates clés.

Le parcours est plus grand et plus accessible que le précédent. S’appuyant sur une approche historique à partir de faits migratoires majeurs des trois derniers siècles, la nouvelle exposition opte pour un cheminement chronologique en 11 dates repères.

L’immersion débute sous l’Ancien Régime en 1685 – date de la révocation de l’Édit de Nantes et de la promulgation du Code Noir en France – jusqu’à nos jours où l’immigration est au centre du débat politique.

Personna grata

Aujourd’hui, près d’un français sur trois a un lien avec l’immigration. L’affiche de l’exposition présentant Louis XIV fait référence à cette mixité, sa mère étant espagnole et sa grand-mère autrichienne. De nombreuses personnalités de nationalité française qui font la culture de la France ont des origines étrangères. Émile Zola (de père italien), Sonia Delaunay (née en Ukraine), Marc Chagall (né en Biélorussie) ou Joséphine Baker (née aux États-Unis). 

© Cyril Zannettacci

La culture c’est aussi la musique. Au détour de l’exposition, on entre dans une salle toute en longueur. C’est le studio de musique. Sont diffusées des playlists de chansons d’artistes d’origine étrangère comme Charles Aznavour, Barbara, Rachid Taha, Johnny Halliday ou Dalida. Car la France a toujours été une terre d’accueil pour nombre de musiciens et de chanteurs. Les années 1920 voient l’arrivée d’artistes afro-américians qui diffusent le jazz, dont le clarinettiste Sydney Bechett. En France, la liberté d’expression musicale a encore de beaux jours devant elle.

Des clés pour comprendre l’immigration

Fini les images d’Épinal de l’étranger, de l’immigré, du migrant. Le musée donne à voir un parcours à la fois historique et scientifique. C’est ce que Sébastien Gökalp, Commissaire général et Directeur du Musée national de l’histoire de l’immigration et son équipe essaye de faire tout au long du nouveau parcours de l’exposition permanente.

Interview de Sébastien Gökalp

« La France a toujours été un lieu de passage et d’installation… Ce n’est pas une exposition de débats ou d’idées mais c’est avant tout une exposition scientifique. Nous n’avons pas à vous dire ce que vous devez penser ou quelles idées vous devez avoir. Nous devons vous donner des éléments pour vous constituer votre propre réflexion. »

Le parcours du musée s’appuie sur le rapport de préfiguration du comité scientifique présidé par Patrick Boucheron, historien et professeur au Collège de France. Pour Marianne Amar, historienne et Cheffe du département Recherche au Musée national de l’histoire de l’immigration, l’important est d’apporter aux visiteurs des faits historiquement prouvés.

Interview de Marianne Amar

« En montrant ces faits précis et irrévocables, on fait résonner le présent dans le passé. On a voulu en permanence scander le parcours de données chiffrées pour donner des ordres de grandeur et faire résonner le présent. On a voulu aussi donner à voir la naissance de phénomènes que l’on voit aujourd’hui, comme la création des papiers d’identité dans les années 1930. »

© Voitures Cathédrales, Thomas Mailaender, 2004

Le Palais de la Porte Dorée fait musée de notre histoire commune. Certaines photos et documentaires liés à l’actualité des trente dernières années nous les connaissons. Certaines affiches nous les avons vu au détour d’un mur. Nous sommes les témoins de la mixité qui fait le sel de la France.

Exposition permanente du Musée National de l’Histoire de l’Immigration. Palais de la Porte Dorée – 75012 Paris

Baal : A corps perdu

Mise en scène par Armel Roussel et jouée au théâtre de la Tempête, « Baal », la première pièce de Bertold Brecht, nous raconte le parcours d’un poète antisocial, amoral, avide de sexe, d’alcool et de vers libres.  

© Pascal Gely 
 
Après « L’éveil du printemps » montée en 2020, Armel Roussel revient au théâtre de la Tempête pour présenter Baal, la première pièce écrite par le jeune Berthold Brecht, alors âgé de 19 ans dans sa version originale. Brecht en écrira cinq versions. La dernière en 1955, un an avant sa mort. En 27 tableaux, nous cheminons aux côtés de ce poète et personnage sulfureux, qui défie les conventions sociales et morales avec une liberté débridée. 

Interview d’Armel Roussel mixée avec des extraits de Baal

La pièce à l’origine s’appelait Baal baise ! Baal danse !! Baal se transfigure !!! Moi je suis parti de cette version-là. C’est un texte très pertinent, très percutant particulièrement dans la période post #MeToo dans laquelle on est. C’est très rare de lire un texte qui puisse faire à la fois le portrait d’un personnage masculin qui est clairement un porc mais qui est à la fois un porc mais aussi un poète. Brecht disait un être asocial dans une société asociale. L’idée était non pas de défendre un agresseur mais plutôt de travailler sur la faille et le trouble. Je suis un peu fatigué de voir des spectacles où l’on m’explique ce que je doit penser. Moi je préfère faire des spectacles qui ouvrent des portes avec des libertés d’analyse, de pensée et de jugement chez les spectateurs et pas à partir du plateau.

Des amuse-gueules en entrée

Dès l’entrée de la salle du théâtre, les comédiens nous accueillent avec un verre de vin blanc et de petits canapés au saumon fumé. Ces amuse-gueules réchauffent l’ambiance. Avant même que la pièce ne commence, les spectateurs sont invités à participer à un karaoké de la chanson « Psycho Killer » des Talking Heads par le comédien qui joue Baal. Belle entrée en matière dans l’univers provocateur et sans concession du poète.

I can’t seem to face up to the facts
I’m tense and nervous and I can’t relax
I can’t sleep ’cause my bed’s on fire
Don’t touch me, I’m a real live wire


Psycho Killer
Qu’est-ce que c’est ?

Un anti-héros provocateur et séducteur

Baal est un poète lyrique et voyou qui se moque de la gloire et de la reconnaissance. Il préfère vivre selon ses pulsions, sans se soucier des conséquences. Il boit, il chante, il couche avec toutes les femmes qu’il croise, qu’elles soient mariées, vierges ou prostituées. Il trahit ses amis, il vole. Il n’a de respect pour rien ni personne, pas même pour lui-même. Il est l’incarnation de l’artiste maudit, qui refuse toute compromission avec la société.

La pièce se déroule avec une énergie effrénée, transportant le public dans l’univers sombre et turbulent de Baal. Anthony Ruotte livre une performance époustouflante dans le rôle-titre, étant présent sur le plateau du début à la fin de la pièce. Sa présence magnétique et sa maîtrise du personnage donnent vie à Baal avec une intensité saisissante.

Une pièce scandaleuse et subversive

Brecht a écrit Baal sous l’influence d’Arthur Rimbaud et de François Villon. Il s’inspire aussi de sa propre expérience de la guerre et de la révolution. Il veut choquer son époque, qui sort traumatisée du premier conflit mondial. Il dénonce l’hypocrisie et la corruption des élites, qui exploitent les masses populaires. Il critique aussi le conformisme et le puritanisme des classes moyennes, qui étouffent la créativité et la spontanéité. Il affirme la supériorité de l’art sur la morale, de la nature sur la civilisation.

Une mise en scène audacieuse et inventive

Les vingt sept tableaux de la pièce offrent une série de situations tragi-comiques qui mettent en lumière les dérives de Baal et son exploration de la liberté absolue. Les comédiens, tous très investis et justes, donnent vie à une galerie de personnages hauts en couleur et évoluent avec aisance dans les différents tableaux. L’atmosphère du bar en fond de scène apporte une dimension supplémentaire à l’histoire, créant un espace de rencontres, de débauche et de désillusion.

Baal se joue au Théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes jusqu’au 23 juin 2023.

Le Grand Saut dans l’imaginaire

Avatar de jeanclaudedjianMon oeil sur l'In-Formation

C’est le troisième roman de Thibault Bérard en littérature adulte. A la suite d’Il est juste que les forts soient frappés, et deLes Enfants véritables, sortis coup sur coup en 2020 et 2021 aux éditions de l’Observatoire, ce troisième ouvrage est la première réelle œuvre de fiction de Thibault Bérard.

La traversée du miroir

Après des années passées à guider les autres en littérature comme éditeur aux éditions Sarbacane, il a décidé de franchir le pas en se donnant le droit à l’écriture. Se faisant, il a traversé le miroir, quittant son travail et la région parisienne pour la province plus propice à sa nouvelle destinée d’auteur et à sa vie de famille. Mais revenons à son troisième romanLe Grand Saut.

Entre mort et vie

Une drôle de bouquin qui s’ouvre par la mort en direct, par infarctus, de Léonard, vieux, veuf…

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Salle des fêtes ou l’utopie agricole 

© Pierre PLANCHENAULT

« Salle des fêtes », nous plonge dans l’univers d’une communauté d’un petit village et nous raconte les mésaventures de trois néo-ruraux parisiens confrontés au bien commun du foncier agricole.

Après « Des Territoires », trilogie, présentée en Avignon en 2021, qui racontait l’histoire d’une fratrie dans un pavillon de banlieue, Baptiste Amann, auteur et metteur en scène, plante son décor dans la salle des fêtes d’un village où se retrouvent une poignée d’habitants dont les nouveaux venus de la ville.

Nos trois néo-ruraux sont deux femmes et un homme. Marion, écrivaine à succès, sa compagne Suzanne et son frère Samuel bipolaire qui sort tout juste d’hôpital psychiatrique. Leur projet de vie à la campagne ait d’acheter une ancienne usine, la Pointerie pour la rénover et y habiter. En s’installant, notre trio acquière également trois écluses dont il doit assumer la gestion. Manque de chance, le village fait face à une crue exceptionnelle et les écluses de nos citadins cèdent inondant les terres et les récoltes d’un maraicher. Résultat, ils doivent se lancer dans des réparations coûteuses auxquelles ils ne s’étaient pas préparés. Leur projet de décroissance, d’écologie et d’habitat partagé bute contre la réalité de terrain.

Nous suivons le trio qui fait face à la communauté du village à l’occasion de quatre événements rythmant les quatre saisons d’une année. La scénographie se joue dans la salle des fêtes du village kitch à souhait.

Baptiste Amman enchaîne les quatre tableaux de la pièce dans l’acte de faire et de défaire. On est soit avant l’évènement, soit après. À l’automne, la réunion du conseil consultatif intervient après la crue. On assiste en hiver à la répétition des vœux du maire et non à son exécution. C’est la préparation du loto qui organise le tableau du printemps et non le loto en lui-même. Et l’été est présenté sous la forme d’une « fin de soirée » post 14 Juillet. 

Extraits audio de Salle des fêtes

« Avec ma compagnie l’Annexe, nous envisageons l’espace théâtral comme celui de la reconstitution. Comme dans les reconstitutions de scène de crime (où un juge d’instruction convoque l’assassin sur le lieu du meurtre, où des acteurs prennent la place des victimes). Le théâtre est pour nous l’occasion de réactiver un souvenir, bon ou mauvais, pour le dénouer.« 

Durant deux heures, nous sommes spectateurs d’une comédie humaine et rurale dans laquelle, les comédiens en verve, nous montrent, les secrets, les drames mais aussi la solidarité derrière les règlements de comptes, le tout enrobé dans des situations tragi-comiques ou l’on sait s’il faut rire ou pleurer. Il faut noter la performance de Samuel Réhault, qui joue le rôle de Samuel, homme bipolaire, comédien au répertoire qui varie entre la force et la finesse. Dans la pièce, il montre ses talents de joueur de blues et de beatboxeur. 

© Pierre PLANCHENAULT

« Salle des fêtes » vaut le détour. La France agricole a ses règles et pour des citadins bercés de bons sentiments écologiques, l’utopie est une voie sans issue.

La pièce « Salle des fêtes » est en tournée.

du 23 au 24 mars 2023 au ZEF, scène nationale de Marseille 
du 04 au 07 avril 2023 à 
La Comédie de Saint-Etienne 
du 25 au 29 avril 2023 à 
La Comédie de Saint-Etienne en décentralisation (dans le cadre de la Comédie itinérante)
le 5 mai 2023 à 
L’Odyssée, scène conventionnée de Périgueux 

COP 26 TROP DE BLA-BLA

5 novembre, 5 ème jour de la COP 26, des milliers de jeunes ont manifesté en scandant des « bla-bla-bla ! » dans les rues de Glasgow. Pour eux il y a d’un côté l’urgence climatique et de l’autre les « bla-bla-bla » des dirigeants.

BEN STANSALL / AFP

Cette réunion de l’espoir pour trouver les meilleures solutions pour réduire les gaz à effet de serre et le réchauffement climatique était déjà mal partie avec l’absence de trois grandes nations pollueuses, la Chine, la Russie et le Brésil. Aussi, cette réunion au sommet s’est retrouvée à la cave.

Le Monde a publié sur son site hier un article de sa journaliste Ruth Carter. Elle décrit le mécontentement de la jeunesse marchant dans les rues de la ville écossaise.

« Portant des banderoles, telles que « Défendez l’avenir », adolescents, jeunes adultes et enfants scandaient « Qu’est-ce qu’on veut ? La justice climatique ! Et pour quand ? Pour maintenant ! »

Rappelez-vous, le 28 septembre dernier, Greta Thunberg dénonçait, les « trente années de bla-bla » des dirigeants du monde. Ce jour là elle disait à la tribune

« Il n’y a pas de planète B, il n’y a pas de planète bla-bla, bla-bla-bla, bla-bla-bla, économie verte bla-bla, neutralité carbone en 2050 bla-bla. » 

Faut-il en rire ou en pleurer de cette situation. Le dessin de Coco qu’elle a publié il y a quelques jours dans Libération, vaut mieux que tous les grands discours.

COCO LIBERATION

En tant que citoyen français lambda, je sais qu’il faut se bouger pour sauver notre planète bleue qui s’assombrie de jour en jour. Un matin, on se retrouvera tous dans la nuit. Plus de soleil, il sera quelque part derrière un épais nuage de pollution. Voulons-nous continuer à porter des masques ? Parce que demain, ce ne sera plus la COVID 19 qui nous obligera à le faire, mais belle et bien la pollution qui nous empêchera de respirer.

Oui la jeunesse a raison de gueuler et de manifester à l’unisson de Greta Thunberg. Leur combat, c’est notre combat. On a foutu en l’air la planète sur laquelle ils vont grandir, vivre, évoluer, s’aimer.

Tous ces vains Bla-Bla-Bla de nos dirigeants me font penser à la chanson de Princesse Erika « Trop de bla-bla » qui l’a fait connaitre. Oui il y en a trop et sincèrement, ils me cassent les oreilles.

CATCH ! Coups bas et verbes hauts

© Fanchon Bilbille

Le théâtre de la tempête ouvre sa saison 2021-2022 en frappant un grand coup avec force manchettes et clés de bras sur un ring avec la pièce Catch mise en scène par Clément Poirée et servi par une troupe d’acteurs-lutteurs de haute voltige.

L’entrée se fait par l’extérieur. Deux rideaux bleu électrique surmontés d’un néon sur lequel brille Catch ! attire les spectateurs chalands. On entre et là les habitués du lieu ont un choc. La grande salle Serreau du théâtre de la Tempête a été totalement transformée. En lieu et place de la scène, trône un ring. De part et d’autre de celui-ci des gradins ont été installés. Les murs de la salle sont tagués. Côté cours, on aperçoit des grillages derrière lesquels est installé une batterie. L’attente. Soudain un homme et une femme s’adressent à nous. 

« Bonsoir à tous. Ici ce n’est pas du théâtre que vous allez voir mais du catch. Alors, n’hésitez pas à crier, à huer, à applaudir. Et à participer au spectacle qui se passe sous vos yeux. Si vous voulez circuler autour du ring, vous pouvez le faire mais à vos risques et périls… » 

Un catcheur masqué en combinaison argentée se glisse derrière la batterie et commence à taper avec son pied sur la pédale de la grosse caisse au rythme de « We will rock you » de Queen. Chanson musclée qui harangue les spectateurs et les chauffe avant les combats de catch théâtral qui vont se succéder durant près de trois heures (c’est un peu long).

© Fanchon Bilbille
Clément Poirée, producteur et metteur en scène

La vengeance féminine sur le ring

« C’est une forme un peu différente du travail d’acteur qui est de l’ordre de la représentation et de l’interprétation. Ce n’est pas tout du pur théâtre, ni tout à fait du pur catch. » Précise Clément Poirée. Nous assistons à du catch théâtral au cours duquel s’affrontent des personnages outranciers Battery Pork, Misandra, Kaapital, KassNoisette, Saturne ou Priapico. Ils usent des codes du catch pour abuser de la fourberie et se donner des coups bas, tout en lançant des coups de gueule. Si les combats ont été chorégraphiés par Vince Greenleaf, un catcheur professionnel, les textes des acteurs-lutteurs ont été écrit par cinq auteurs (Hakim Bah, Emmanuelle Bayamack-Tam, Koffi Kwahulé, Sylvain Levey et Anne Sibran) à la demande du metteur en scène. La majorité des textes mettent en mots la brutalité des rapports homme-femme. 

Pour Clément Poirée, « c’est un peu comme « un cadavre exquis, comme un inconscient collectif qui s’exprime car les auteurs ne sont pas concertés. Les combats mettent en scène des vengeances féminines. Sur le ring les femmes rendent les coups. Que soit le personnage de KassNoisette ou celui de Misandra. Ce sont de vraies amazones et des vraies combattantes. Elles occupent le ring tout autant que les hommes. » 

C’est tout vu. Allez expérimenter ce catch théâtral qui use de l’art du faux et de la cascade. Où l’on voit couler du sang, de la sueur et des larmes de pacotilles.

Mais attention, souvent le faux permet d’aborder de façon rapide et légère nos vrais problématiques sociétales.

Clément Poirée

Un spectacle protéiforme et hétérogène sans obligation de silence 

Avec Catch, les codes du théâtre en salle sont rompus. Cette parenthèse déjantée se situe entre le show spectaculaire du cirque et le théâtre de tréteaux de la comédia del arte, voire du spectacle de rue où les acteurs harangue la foule. Par moment, on se croirait revenu à l’époque de la TV en noir et blanc des années soixante, quand Roger Couderc commentait, avec son accent chantant du Lot, les matchs de catch entre Chéri Bibi et René Ben Chemoul. 

Avec son équipe d’acteurs, Clément Poirée avoue explorer de nouvelles voies de la représentation. 

« Celles-ci ne se réduisent pas au théâtre frontal ou d’experts qui vous regarde dans un silence religieux. C’est la foire, c’est grotesque et il n’y a aucun rapport d’obligation. Le spectateur prend ce qu’il veut dans ce spectacle protéiforme et hétérogène. Il est dans un autre rapport de liberté avec ce qu’il voit. »

C’est tout vu. Allez expérimenter ce catch théâtral qui use de l’art du faux et de la cascade. Où l’on voit couler du sang, de la sueur et des larmes de pacotilles.

Mais attention, souvent le faux permet d’aborder de façon rapide et légère nos vrais problématiques sociétales.

© Fanchon Bilbille

Assaut au Capitole – Trump la mort

©Photo AFP

Cinq personnes ont péri suite à l’attaque du Capitole par les sympathisants pro-Trump mercredi 6 janvier à Washington. Retour sur les faits. Corinne Deléchat, économiste à Washington, les analyse.

En milieu de journée, Donald Trump fait un discours à ses supporters près de la Maison-Blanche. Il conteste une fois de plus les résultats d’une élection présidentielle qu’il savait perdue. « Nous n’abandonnerons jamais ! » lance t’il.

Galvanisée, la foule se rend au Capitole où a lieu la certification des résultats pour entériner la victoire de Joe Biden.

Très rapidement, les forces de l’ordre sont submergées. Les militants parviennent jusqu’aux terrasses du Capitole, grimpent aux murs, cassent les fenêtres et pénètrent dans le siège du Congrès, munis pour les uns de drapeaux confédérés et pour les autres de symboles complotistes QAnon tandis que les agents de sécurité reculent devant la foule haineuse.

Les vidéos confirment l’extrême violence des manifestants. On voit un policier à terre roué de coups et des appels à « pendre » le vice-président Mike Pence, « le traitre », qui avait annonçait sur les réseaux sociaux qu’il ne s’opposerait pas à la certification des résultats des élections présidentielles. On voit des meutes pourchassant l’agent Eugene Goodman, de la police du Capitole, qui est parvenu à détourner l’attention des émeutiers alors qu’ils s’apprêtaient à faire irruption au milieu des tribunes du Sénat. Goodman, il porte bien son nom.

Cinq personnes ont péri dans l’attaque du Capitole : un policier frappé avec un extincteur, une manifestante abattue par un agent et trois sympathisants pro-Trump, sont morts aux abords du Capitole en raison « d’urgences médicales distinctes » …

Corinne Deléchat, économiste à Washington, analyse la situation

Comment a été perçue la prise d’assaut du Capitole par les sympathisants de Donald Trump ?

« Pour nous c’était un épisode de plus dans le feuilleton délirant qu’a été la présidence de Trump. C’était le dernier salto d’un président qui refusait jusqu’au bout d’accepter qu’il avait perdu. C’était aussi une atteinte grave à la démocratie américaine… La seule bonne nouvelle de la journée c’était la victoire des deux candidats démocrates… »

Il semblerait qu’il y ait eu des failles dans le service de sécurité. Quand pense les médias ?

« Il y a beaucoup de théories et de questions sur le sujet dans les médias. Des enquêtes sont en train d’être menées sur la base des images fournies par les caméras. Les faits troublants concernent la police du Capitole qui était seule face aux manifestants. Ils n’avaient pas reçu d’ordre et ne savaient pas comment gérer la foule. Le chef de la police du Capitole a menti sur le fait que la Garde Nationale devait intervenir. En conséquence, il a démissionné… Comme l’a précisé Joe Biden dans son discours, il y a eu une différence de traitement flagrant entre les manifestants blancs du Capitole et ceux qui étaient dans les manifestations Black Lives Matter cet été. »

Va-t-on tourner définitivement la page Trump ?

« Ce n’est pas le mouvement de Trump. Il a su capter ce mouvement sous-jacent et capitaliser dessus. Il a manipulé un groupe des gens, surtout des blancs, qui ont peur de l’arrivée des minorités, de la perte de leurs privilèges, de l’ouverture au monde et malheureusement, je pense que cela va continuer après lui. Ce que l’on peut espérer, s’il n’y a plus de figure forte en avant plan, c’est que cela perde de l’ampleur. »

Romainville demande conseil…municipal

Les écharpes tricolores du maire et des conseillers municipaux © Jean-Claude Djian

Par 27 voix sur les 35 élu(e)s des membres du nouveau Conseil municipal, François Dechy a été nommé maire de Romainville. Retour sur sa désignation, sur les projets d’urbanisme et sur les mesures d’urgence de la nouvelle équipe.

Samedi 4 juillet.

13h40. Plus de deux cents personnes invitées, masques devant le visage, se pressent devant la petite entrée du complexe sportif Colette-Besson.

« Et bien sûr, la grande entrée est réservée, comme il se doit, aux élus ! » Marmonne dans son masque un homme dans la queue.

Covid-19 oblige, c’est dans ce grand gymnase en plein centre de Romainville que va se tenir le Conseil municipal extraordinaire d’installation de François Dechy et de son équipe fraichement élue le 28 juin dernier.

13h50. Chacun prend son mal en patience avant de franchir la porte et de se retrouver sur le terre-plein du complexe sportif. Là, des agents de la police municipale et des hôtesses de la mairie contrôlent les noms et les papiers de chaque personnes sur des listes.

« Elle est là Madame le maire Corinne Valls ? » Demande une vieille dame à une hôtesse.

« Je ne sais pas Madame. Je ne l’ai pas encore vu. » Lui assure l’hôtesse.

13h55. Entrée dans le complexe sportif, sur des tables trônent des gros flacons de liquide hydro alcoolique. C’est dans la salle de basket que se tient l’évènement. Le public commence à s’installer dans les gradins du côté droit et sur des rangées de chaises espacées. Sur la moitié du terrain de basket, des grandes tables recouvertes de tissus rouge carmin sont installées en fer à cheval.

14h10. François Dechy arrive, traverse la salle en saluant son équipe et sort par une porte anti panique qui mène dehors. Il a quelques minutes avant que ne commence la séance du conseil municipal et il veut se concentrer sur son discours d’investiture.

14h20. Il rejoint la salle l’air plus détendu. Une partie des futurs conseillers municipaux s’assoient à leur place autour des tables, tandis que d’autres, élu(e)s de la majorité, se prennent en photo et font des selfies. C’est une nouveauté pour nombre d’entre eux

14h30. Bruit de clochette. Le Conseil municipal commence. Bruno Lotti, s’adresse au public  au micro

« En tant que premier maire adjoint sortant en l’absence de Corinne Valls, maire sortante en exercice, il me revient d’introduire la séance et de déclarer installer leurs fonctions les conseils municipaux élus lors du scrutin du 28 juin dernier. »

15h30. Après avoir reçu son écharpe tricolore, François Dechy fait son discours d’investiture

« Notre méthode, c’est l’échange. C’est la circulation entre ceux qui sont à la mairie et ceux qui n’y sont pas. La mairie n’est pas une porte fermée. Ce n’est pas une forteresse, ce n’est pas une prison ou un refuge pour les élus… » Il demande aux élus de l’opposition de participer aux débats contradictoires. « Ils sont sains et nécessaires. »

François Dechy, Maire de Romainville

15h45. En réponse à François Dechy, Tassadit Chergou, porte-parole des élues de l’opposition signale qu’ils seront.

« Une opposition exigeante et constructive, force de proposition…Exacte contre-pieds de l’ancienne opposition municipale… »

Tassadit Chergou, élue de l’opposition

Audio Extrait Tassadit Chergou

15h50. Vote et nomination des membres du nouveau conseil municipal. Le conseil durera plus de deux heures entre l’appel des élus, les votes, la nomination du maire, son discours, celui d’une élue de l’opposition et la nomination des conseillers municipaux. Un temps incompressible et un déroulement obligatoire.

16h15

Rideau de fer baissé à la permanence d’Autrement © Jean-Claude Djian

A la sortie du Conseil municipal, passage devant la permanence de la liste Autrement du nouveau Maire au 33 de la Rue de Paris. Le rideau de fer blanc était baissé. Normal. Ce lieu de réunion de l’équipe de campagne à quoi servira t-il demain ?

Déambulation vers la mairie toute proche pour prendre le bus 129, direction Mairie de Montreuil. Dans l’attente du bus, direction l’esplanade de la mairie en travaux. Un jeune couple, qui venait de se marier, sortait de l’hôtel de ville. Ils s’embrassaient devant une dizaine de parents. Petits applaudissements, légers youyous. Éviter d’être trop démonstratifs. Le Covid-19 est encore dans les esprits.

L’Urbanisme selon Dechy

François Dechy

On a reproché à l’ancienne municipalité une bétonisation à outrance et un des points capital du nouveau maire est l’urbanisme. Le 18 juin dernier, 10 jours avant le second tour François Dechy s’était exprimé sur cette problématique et avait évoquer un moratoire concernant  le futur des constructions de la ville.

« L’idée est de repenser l’urbanisme à l’aune des besoins des habitants. On ne peut plus avoir un urbanisme qui transforme des lieux d’activité, des lieux d’emplois en logements. Nous avons pris l’engagement de s’opposer à toutes constructions qui supprimeraient des emplois. Car le grand risque serait de faire de Romainville une ville dortoir qui se vide de ses entreprises et qui repousse les habitants les moins fortunés vers d’autres villes. »

Audio mesures d’urgence

Dans son entretien, François Dechy revient sur les mesures d’urgence à prendre face à la crise sanitaire. Il évoque le choix de rouvrir les écoles dès le 17 aout pour mettre en place un programme d’accompagnement et de soutien scolaire ; comment on vient en soutien de l’activité économique ; comment on recrée de la convivialité pendant l’été. Pour la jeune équipe et son Maire, l’été sera chaud à Romainville. Ce sera le moment de se retrousser les manches.

Romainville se voit Autrement

François Dechy, le nouveau maire de Romainville (photo Jean-Claude Djian)

Romainville a choisi le changement en élisant au fauteuil de  maire François Dechy, un homme qui vient de la société civile allié à une liste citoyenne et divers gauche et écologie. Face à lui Philippe Guglielmi, membre du PS et ancien élu de la ville, n’a pas pu apporter la vraie rupture attendue par rapport à la municipalité sortante dirigée depuis 22 ans par Corinne Valls. Retour sur la campagne du 2ème tour in situ.

A l’image des tendances nationales, le taux de participation à Romainville a été faible avec 36,55% de votants (votes nuls : 1,16%, votes blancs : 1,66%). François Dechy a été élu avec 53,27% (2 902 voix), Liste Autrement, Romainville à Vivre, réunissant les deux listes arrivées 2ème et 3ème au 1er tour des municipales, face à Philippe Guglielmi (PS), liste Unis pour Romainville 46,73% (2 546 voix) qui réunissait un certain nombre d’élus de l’ancienne municipalité. 

Romainville est une ville de 26 510 habitants de Seine Saint Denis. Coincée entre les communes de Montreuil, Bagnolet et des Lilas, Romainville est principalement connue pour son cinéma « Le Trianon » au style Art Déco. C’est là, que dans les années 80 se tournait l’émission « La dernière séance » d’Eddy Mitchell. La salle d’Arts et Essai n’est pas la seule à être reconnue. A Romainville, on trouve la Maison de la Philo, seule structure municipale dédiée à la pratique philosophique pour les enfants et les adultes – Nous y reviendrons dans un prochain article – 

Romainville verra arriver dans deux ans la prolongation de la ligne 11 du métro. La place de la République sera alors à moins de 15 minutes. Le prolongement du Tramway T1 desservira aussi la ville. L’arrivée de ces deux moyens de transport commencent à attirer nombre de personnes. Pour la nouvelle municipalité ces rendez-vous sont importants. Car la ville prendra un nouvel essor et aura un rayonnement plus important.

Dimanche 28 juin. 

21h00. Il n’y a personne à l’intérieur de la permanence d’Autrement. Dans une galerie à côté, des militants boivent un verre. 

« Il n’y a personne de la liste Autrement, Romainville à Vivre dans les parages ? »

« Ils font le dépouillement dans les bureaux de vote. » Me lance un quarantenaire qui se roule une cigarette. 

J’enfourche mon vélo et me dirige vers l’Espace Cachin, le PC de la liste Unis pour Romainville. C’est ce qu’on appelle, un espace de proximité où il y a une salle de danse pour enfants et adultes. Dehors jeunes et adultes attendent en discutant. Les jeunes ne portent pas de masques. J’entre masqué. Entre les deux portes issue de secours de la salle, deux tables ont été dressées sur le parquet en bois. Autour 10 chaises en plastiques sur lesquelles sont assis Philippe Guglielmi et une partie de ses colistiers. Ils ont enlevé leurs masques pour mieux communiquer. Ils recueillent fébrilement les résultats sortis des urnes des 13 bureaux de vote de la ville. Du bureau 1 de la Mairie, en passant par le 5 de l’Espace Nelson Mandela en passant par le 10 de l’Ecole Primaire Charcot (voir article La distribution des devoirs : Une super B.A. !) pour terminer par le bureau 13 de l’Ecole Primaire Maryse Bastié. On compte et recompte. Il faut vérifier. Cela prend du temps. Les minutes s’égrènent.

Philippe Guglielmi (photo Jean-Claude Djian)

Philippe Guglielmi, consulte son portable. Puis demande à mi-voix à sa voisine. « Combien ils font pour le 11 ? »

« On n’a pas encore les résultats définitifs Philippe. »

Le prétendant à la mairie lève les yeux. Me regarde et sourit.

« C’est long. Il faut être patient. » Je ne sais pas si il le dit à moi ou à lui-même. Cheveux noirs geais tirés en arrière, chemise blanche, costume gris sur lequel on peut voir au revers de son veston la rosette de la Légion d’Honneur. Notre homme, originaire d’Antibes, la soixantaine, a plusieurs distinctions à son actif dont la croix de la valeur militaire avec citation et la médaille de guerre. Avant de se lancer dans la politique, il a été militaire de carrière et ancien casque bleu au Liban où il a été blessé lors d’une embuscade au sud de Beyrouth 

21h30. Philippe Guglielmi quitte son siège et sort pour se dégourdir les jambes. Un homme rentre. 

« Alors ? C’est pas fini ? A Bagnolet on a déjà les résultats définitifs. »

Philippe Guiglielmi arrive derrière lui. 

« Bonjour ! »

« Bonjour Philippe. C’est long ! »

« Hé oui ! C’est comme ça. »

Il se rassoit à sa place. Les résultats arrivent les uns après les autres. Les listes Unis pour Romainville et Autrement, Romainville à Vivre sont au coude à coude sur plusieurs bureaux. Rien n’est encore définitif. 

« Et Cachin. Ils attendent quoi pour donner les résultats ! » Lance la voisine de table de Philippe Guglielmi. Le bureau 7 semble important pour la liste. Bruno Lotti, premier adjoint de l’actuelle municipalité et une des chevilles ouvrières de la liste recueille les résultats qui arrivent sur son PC.

21h35. La tension monte dans la salle de l’Espace Cachin où de plus en plus de personnes entrent pour savoir. On rajuste les masques. On se questionne du regard. On parle bas. Chacun sent que la victoire est peut-être toute proche. Tout dépend des résultats. Tout dépend de la mobilisation. D’après les premiers résultats sortis des urnes le taux de participation est un peu plus élevé qu’au premier tour. Un bon signe ?

21h40. Les résultats de l’école primaire Cachin sont enfin arrivés.

« 239 pour nous contre 161. C’est bon pour nous ! » On sourit sous les masques. Mais les jeux sont loin d’être faits. Apparemment la liste Autrement, Romainville à Vivre de François Dechy est en tête dans de nombreux bureaux. Il en reste 3. 

21h45. Les résultats de tous les bureaux sont arrivés. Ils ne sont pas bons. La liste de François Dechy devance celle de Philippe Guglielmi de plus de 250 voix.

Bruno Lotti, lève la tête de son ordinateur

« On perd seul contre tous…Mais seul la victoire est belle… »

Philippe Guglielmi s’est levé. 

« Bon il faut que j’annonce les résultats aux amis ici présents.

On fait cercle autour de lui. Le moment est solennel.

Philippe Guglielmi remercie ses militants

« Je voulais vous remercier du fond du cœur pour cette campagne. C’était grandiose. Finalement, ce n’est pas vous qui m’avez suivi, c’est moi qui vous ai suivi. Vous avez l’avenir devant vous. Ce soir, on n’a pas gagné, mais vous, vous avez gagné. Parce quand on représente sur le projet qui est le nôtre près de 47 %, on a l’avenir devant soi. Alors ne perdez pas confiance… » Les visages sont tirés. Une jeune femme brune pleure. Plus tard, Philippe Guglielmi me dira. 

« Je devais mener ce combat jusqu’au bout. » Un Lieutenant-Colonel ne pouvait pas faire moins. 

Je quitte l’Espace Cachin. 

22h50. Je repars en vélo. Direction la permanence d’Autrement. Cris de joie dans la rue. Klaxons. Une centaine de personnes réunies s’embrassent, trinquent. Peu de monde porte un masque. Une femme crie. 

« Tout le monde à la mairie ! ». 

23h00. La foule se déplace vers l’hôtel de ville tout proche à moins de 100 mètres. Les portes du bâtiment du 19ème siècle qui mène au salon d’Honneur est ouvert. Des policiers municipaux harnachés (gilet de protection, arme de service, taser), veillent au débordement. Devant nous le grand escalier qui mène au salon d’honneur. Élus, militants et sympathisants de la liste Autrement, Romainville à Vivre investissent les lieux. Beaucoup sont étonnés et réalisent la teneur de l’évènement en regardant le décorum. Tout un symbole. 

23h05. François Dechy entre dans le salon sous les applaudissements. Il se dirige vers une petite estrade où sont réunis l’ensemble des membres de la liste Autrement, Romainville à Vivre. Par sa taille, il les domine tous. 40 ans, originaire de Valenciennes, cet ancien de Sciences Po Rennes, choisit de travailler dans le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire. En 2011, il crée à Romainville la société Baluchon, agréée entreprise d’insertion et entreprise solidaire d’utilité sociale. 

Ému, il s’adresse au public présent.

« Merci à toutes les romainvilloises et tous les romainvillois qui nous font confiance et qui nous ont porté aujourd’hui. Merci aux pionniers. On est parti un soir de canicule en juin dernier en se disant qu’il fallait qu’on s’engage pour Romainville, pour faire une politique autrement… Un grand merci à Vincent Pruvost et à tous les partis de gauche qui ont eu l’intelligence de travailler avec les citoyens pour porter ce projet et faire rayonner Romainville de sa solidarité, de sa citoyenneté et de sa démocratie. Merci à vous tous. » 

Après ce discours bref du nouveau maire, chacun se sépare. Certains iront faire la fête à « La consigne », un café branché de Romainville. 

Lendemain d’élections. Rien a changé à Romainville. Devant l’école primaire Charcot où j’emmène ma fille en classe, rares sont ceux qui évoquent les municipales.

« Les municipales. Ben non j’ai oublié d’aller voter hier. Et puis avec le coronavirus, ça fait pas envie. » Me dit un parent d’élève.

A Romainville, la majorité de ceux qui ont voté on choisit de voir la ville évoluer Autrement. A suivre…

8 minutes et 46 secondes ont changé l’Amérique

George Floyd est mort en 8 minutes et 46 secondes... Voilà près d’un mois que la rue bouge et se mobilise aux États-Unis pour manifester son mécontentement contre les violences policières. Face à ce mouvement, Donald Trump tente de jouer les gros bras pour mobiliser sa base car les élections présidentielles du 3 novembre approchent. Il y a urgence à la Maison Blanche.

Cathie Abiatecci, designer à Brooklyn et Corinne Deléchat, économiste à Washington témoignent de cette situation inédite.

George Floyd le mort de trop

L’Afro-américain, George Floyd est décédé le 25 mai dernier à l’âge de 46 ans, à Minneapolis dans l’État du Minnesota, à la suite d’une pression excercée sur son cou par le genou de d’un policier blanc Derek Chauvin qui voulait l’arrêter. La pression a duré 8 minutes et 46 secondes avant que l’homme suffoque. Sa mort à bouleversé l’Amérique. Rappelons celle d’Ahmaud Arbery, 25 ans, qui a été tué dans le dos par des policiers le 23 février en Georgie alors qu’il faisait un jogging. Ajoutons le dernier nom sur la longue liste des violences meurtrières : Rayshard Brooks, 27 ans, abattu dans la nuit du 12 juin 2020 à Atlanta par un agent du département de police d’Atlanta, Garrett Rolfe

« Ce pays est extrêmement raciste ! »

Assure Cathie Abiatecci, d’origine française. Elle est arrivée il y a 20 ans à New-York. « Une ville privilégiée où la violence policière envers les minorités est moins forte que dans certains états du Sud »

Formée au design intérieur, elle vit à Brooklyn entre Bedford et Stoneye, un quartier à majorité noir à Brooklyn. Elle a participé à des manifestations. Face aux rodomontades de Donal Trump qui pousse à la répression du mouvement populaire, Cathie espère que cette union contre les violences policières racistes fera bouger les lignes politiques.

Cathie Abiatecci designer à Brooklyn

Inégalités et manque de mobilité sociale pour la minorité noire

Pour Corinne Deléchat, économiste à Washington, la situation d’émeutes aux Etats-Unis est à analyser sous le prisme des travaux de l’économiste américano-indien Raj Chetty. Il précise que eette situation est due en partie à la combinaison de l’augmentation des inégalités et le manque de mobilité sociale pour les noirs américains qui est allé  en s’aggravant. Dans ces quartiers pauvres, la pandémie du Covid 19 à touché la plupart des plus vulnérables dans les minorités. Ajoutons à cela, la brutalité policière qui a mis le feu aux poudres. Corinne Deléchat espère que le mouvement populaire aura des répercutions sur les élections présidentielles de novembre prochain.

Corinne Deléchat, économiste à Washington

Rien ne vas plus pour Donald Trump

Au début des émeutes et des manifestations qui ont émaillé le pays après la mort de George Floyd, Donal Trump a tenté d’envoyer l’armée pour mâter le peuple dans la rue avant de renoncer. Pour faire oublier sa mauvaise gestion du Covid 19 (120 000 morts et 14 millions de chômeurs ), Le président et son équipe a voulu renouer avec ses électeurs en relançant sa campagne à Tulsa (Oklahoma) le 20 juin dernier. Tulsa, une ville marquée par un massacre raciste.  Mal leur en a pris. Trump s’était vanté dans les médias que les organisateurs de ce rendez-vous avaient écoulé un million de tickets en ligne. Mauvais calcul. Les pompiers de Tulsa ont compté seulement 6 200 supporters dans les gradins clairsemés du Bok Center. La faute à qui ? Il semblerait que les internautes se soient rassemblés sur TikTok pour mener une attaque. Leur plan aura été de s’inscrire massivement, en ligne, au meeting gratuit de Donald Trump… sans s’y rendre !

Epilogue d’une semaine catastrophique pour le champion des républicains : la Cour suprême, où il a nommé des juges conservateurs, lui a infligé deux revers, sur les droits des homosexuels et la protection des jeunes immigrés. Et ce n’est pas tout, John Bolton, son ancien conseiller pour la Sécurité nationale vient de publier des mémoires, dans lesquelles il le désigne comme un Président inapte.

Urgence à la Maison-Blanche

Donald Trump espérait relancer sa campagne à Tulsa. Raté ! La mort de George Floyd, de d’Ahmaud Arbery et de Rayshard Brook. Lui collent aux basques. Selon un sondage Associated Presse-Norc, fin mai, 24 % des Américains jugent que le pays va dans la bonne direction, contre 33 % en avril et 42 % en mars. La cote de popularité de Donald Trump est en chute libre Elle est tombée plus bas que celles des présidents Jimmy Carter et George Bush père, en 1980 et 1992. L’un et l’autre n’avaient pas été réélus par les électeurs en novembre, après un unique mandat… Est-ce un signe ? Walk of Shame ?

Emplois Francs : Une chance pour être recruté

Pas simple actuellement de se faire recruter malgré vos compétences et votre expérience surtout si vous résidez dans un quartier dit « difficile ». La solution peut venir justement de ce quartier grâce aux Emplois Francs.

Pour certains c’est le casse-tête.

À diplôme, âge et parcours équivalents, il est plus difficile d’accéder à un emploi pour les habitants de certains quartiers de la République. L’emploi franc, aide à l’embauche expérimentée par le Gouvernement depuis le 1er avril 2018, puis généralisée au 1er janvier 2020, constitue une réponse concrète et innovante à ces difficultés.

Demandeurs d’emploi relevez la tête.

Vous cherchez un emploi ? Vous résidez dans un quartier prioritaire de la politique de la ville ? Votre embauche en CDD d’au moins 6 mois ou en CDI peut donner droit à une aide financière pour votre employeur. Cette aide peut être un plus pour vous démarquer d’un autre candidat.

Quel est le montant de l’aide ?

Pour une embauche à temps plein, le montant de l’aide s’élève à :

  • 15 000 euros sur 3 ans pour un recrutement en CDI (5000 euros par an) ;
  • 5000 euros sur 2 ans pour un recrutement en CDD d’au moins six mois (2500 euros par an). Ces montants sont proratisés en fonction du temps de travail et de la durée du contrat.

Un atout à mettre en avant

Cet atout, il se trouve que je l’ai, je viens de recevoir un courrier de Pôle Emploi qui me précise que je réside dans un Quartier Prioritaire de la Ville (QPV) éligible au dispositif emplois francs*.

Questions-Réponses sur les Emplois Francs

La distribution des devoirs : Une super B.A. !

Voilà bientôt 6 semaines que les délégués de parents d’élèves de l’école primaire Jean Charcot de Romainville en Seine-Saint-Denis, distribuent des devoirs aux enfants décrocheurs et à ceux qui n’ont pas les moyens de les imprimer.

Voilà bientôt 6 semaines que les délégués de parents d’élèves de l’école primaire Jean Charcot de Romainville en Seine Saint Denis, distribuent des devoirs aux enfants décrocheurs et à ceux qui n’ont pas les moyens de les imprimer.

Mardi 26 mai. Je connais bien le sujet car je suis un de ces délégués et je fais cette distribution en vélo avec ma fille, élève de CE2. J’ai dans mon sac une dizaine de grandes enveloppes kraft siglées Écoles Communales  de Romainville 93230 Seine-Saint-Denis sur lesquelles figurent le nom et l’adresse des élèves que je vais distribuer dans leurs boites. Ma fille est moi faisons la tournée dans des cités et des rues de notre quartier. La première  fois que nous avons fait la distribution ensemble, quand nous sommes rentrés à la maison, j’ai dit à ma fille. 

«Aujourd’hui, nous avons fait une B.A. !» 

« C’est quoi une B.A. Papa ? » 

« C’est une Bonne Action. » 

« Alors, c’est une super Bonne Action !… »

Depuis la fin des vacances scolaires de Pâques, tous les mardis à 11h00 nous avons rendez-vous dans le hall de l’entrée de l’école masqués. Là, le directeur Yann Lecacheux et deux instituteurs nous reçoivent pour nous remettre une quarantaine d’enveloppes dans lesquelles se trouvent les devoirs imprimés des différents niveaux de classe du CP au CM2. L’école a un blog et depuis le 16 mars dernier, date du confinement, chaque enseignant met en ligne des devoirs pour ses élèves. Si la grande majorité fait les exercices, d’autres ont du mal. Soit parce qu’ils ne sont pas ou mal équipés en matériel informatique, soit parce qu’ils ne peuvent pas imprimer les devoirs à faire et à renvoyer complétés sur le blog.

Lundi 27 avril. Lors d’une visioconférence organisée avec les parents de CE2 dont il est enseignant, Yann Lecacheux, le directeur a précisé.

« Sur l’ensemble des élèves de l’école, nous en avons perdus une trentaine dont nous n’avons pas de nouvelles. Nous ne savons pas si leurs parents ont les moyens informatiques pour se connecter sur le blog. La solution est de leur faire parvenir les devoirs. »  « Moi je peux en distribuer. » Assure Elodie Girardet déléguée comme moi et Directrice de Centre d’information et d’orientation à Noisy le SecElle est maman d’une élève de CE2 dont la fille est amie avec la mienne. « Et je suis persuadée qu’une partie des délégués de parents d’élèves élus avec des parents volontaires pourront assurer la distribution. » 

Dans la liste que nous a fourni le directeur de l’école, les ¾ des adresses des élèves sont bonnes. En revanche, certains enfants n’habitent plus ou pas du tout à l’adresse indiquée. Il m’est arrivé de mener une enquête pour retrouver un élève de CE2 qui était censé habiter non loin du cinéma Le Trianon. Le fameux cinéma où se tournait l’émission « La dernière séance » d’Eddy Mitchell dans les années 80. C’est la pharmacienne de la place Carnot qui m’a donné les bonnes coordonnées de la famille. Cette dernière a été étonné que je sonne à leur porte pour leur remettre les devoirs. 

Tous les profs sur le pont.

Depuis le début du confinement, les enseignants n’ont eu de cesse de mettre du travail sur le blog de l’école pour leurs élèves. Depuis la fin des vacances de Pâques, des visioconférences ont été établies entre les profs et les élèves pour garder le contact. Ils ont préparé la réouverture de l’école qui a commencé le jeudi 14 mai en coordination avec la mairie de Romainville et l’inspection académique locale. Tout aurait pu bien se passer si le poids de l’administration ne s’était fait sentir. Les rapports avec la mairie sont difficiles. Pas simple quand la Maire, Corinne Valls (DVG) tire sa révérence après 22 années à la tête de la municipalité. Du coup nombre d’élus sont injoignables. Très vite une pénurie de masques et de gel hydroalcoolique est arrivée. Sans ce matériel, impossible de continuer à faire classe. C’est l’Éducation Nationale qui doit les fournir et l’inspection académique a attendu des livraisons qui ne sont pas arrivées à temps. Imaginez les coups de fil répétés et les énervements du directeur de l’école et de ses collègues enseignants et nous délégués qui  essayions de tempérer la situation. Les cours ont repris, mais il n’y a pas plus d’une trentaine d’élèves sur 212.

Mardi 26 mai 11h00. L’heure du rendez-vous pour dispacher les devoirs des élèves. 

« Alors quoi de neuf ? » Je lance à Yann Lecacheux. Le directeur me regarde l’air un peu dépité. « On a plus d’internet. L’ADSL ne marche plus… » Un enseignant de CM2 présent à la distribution précise. « Je fais tourner internet avec le point d’accès Wifi de mon portable. J’ai un forfait illimité.»

Super la technologie moderne ! Mais est-ce La Solution ? Yann Lecacheux qui s’était éclipsé revient avec une copie de la lettre qu’il a adressé à  M. François Vanetti, Inspecteur de l’éducation nationale de notre circonscription Romainville / Les Lilas / Le Pré-Saint-Gervais. Il me l’a tend.

« Tenez, je vous en ai fait une copie. »

Dans ce courrier, le directeur pose une question. « La commune peut-elle mettre en place un réseau qui fonctionne dans l’école à minima avec une connexion fibre ? » (une grande partie de Romainville est connectée à la fibre) « La convention entre la commune et l’Éducation Nationale ne peut-elle pas être réactualisée, car elle date de plus d’une dizaine d’années ? »

Entre le marteau et l’enclume, le directeur donne l’air de se battre contre des moulins à vent. Il est patient. En face de lui, la mairie et l’inspection académique semblent aux abonnés absents. 

Distribution des devoirs, un devoir pour les délégués 

« On est de vrais relais pour les profs. On peut aller au domicile des familles ce qu’eux ne peuvent pas faire. On fait aussi le lien avec la municipalité et l’inspection académique. On est un peu le poil à gratter des institutions quand ça coince… » Assure Elodie Girardet.

Nous nous sommes lancés dans cette distribution en nous disant que c’était normal d’aider les enfants et les familles en difficulté. Voilà près de six semaines que nous assurons la distribution et les retours des parents sont bons. Quand nous faisons la tournée, chaque délégué appelle au numéro d’un des parents qui est sur la liste afin de le prévenir que les devoirs de leur enfant sont dans leur boite à lettres. On m’a dit souvent.

« Merci beaucoup Monsieur ! … » « C’est très bien ce que vous faites… » « Bon courage Monsieur et à la semaine prochaine !… »

Ces remerciements et ces encouragements d’autres délégués les ont reçus également. Pour ces enfants et leur famille, nous sommes le relais de l’école, le secours dont ils avaient besoin, le coup de pouce nécessaire pour redonner courage à ceux qui en ont le plus besoin. 

Avec la distribution des devoirs, le travail des délégués de parents d’élèves prend tout son sens. On espère qu’à la rentrée prochaine, nous aurons moins de mal à trouver des volontaires pour faire partie de la liste FCPE et peut-être d’une liste indépendante. Notre travail sera peut-être récompensé par un afflux de votes des parents aux élections des délégués de parents d’élèves.

Dans la cour, les enfants jouent à chat-ombre

Mardi 2 juin. L’école primaire Charcot ouvre un peu plus grand ses portes. Une soixantaine d’enfants sont retournés en cours dont ma fille. 

En raison du grand nombre d’enfants et du protocole sanitaire à respecter il y a 8 groupes de niveaux répartis sur la semaine. 4 groupes seront en classe les lundis, mardis et mercredis matin et les 4 autres groupes les jeudis et vendredis. C’est une institutrice de CM2 qui fera classe au CE2 les lundis, mardis, et mercredis. La distribution des devoirs est suspendue. le directeur Yann Lecacheux a contacté les familles leur demandant de venir chercher directement les enveloppes de devoirs à l’école. A la sortie de l’école, ma fille me raconte sa rentrée.

« C’etait trop bien de revoir les copines. Dans la cour on a joué à chat-ombre. »

Chat-ombre, voilà un jeu qui respecte la distanciation. L’enfant qui joue le rôle du chat touche l’ombre d’un autre enfant qui devient lui-même chat. 

Mercredi 3 juin. En déposant ma fille en classe, je vois le directeur. Il a les traits tirés.

« Cette deuxième rentrée se passe bien ? »

« Tout va bien de ce côté-là. Le seul problème, c’est qu’il y a eu seulement 6 familles qui sont venus récupérer les devoirs hier. 6 sur 30 c’est très peu. Je ne sais plus ce qu’il faut faire. »

Demain jeudi et vendredi, c’est une remplaçante qui fera classe au CE2. Son poste est tournant et l’inspection académique peut l’appeler du jour au lendemain pour aller faire un remplacement dans une autre école du secteur. Si c’était le cas, le directeur Yann Lecacheux reprendrait la classe. Il n’a pas le choix alors que la situation sanitaire et l’organisation de cette rentrée très spéciale voudrait qu’il soit détaché de son poste d’enseignant.

On espérait que les choses changeraient avec cette pandémie. On se trompait. Dans l’Éducation nationale, le mal est profond. On n’est pas prêt de trouver un vaccin pour enrayer sa maladie.

Sherry Lassiter : le pouvoir est dans le Peer to peer

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© JC Djian – Sherry Lassiter à la tribune du FAB14 de Toulouse

Du 16 au 20 juillet s’est tenu à Toulouse le FAB14. La 14e édition de la plus importante réunion internationale dédiée aux Fab Labs et à la fabrication numérique. Ce rendez-vous fut l’occasion pour les « makers » de quelques 500 Fab Labs internationaux d’assister à des conférences et d’échanger autour de 5 thématiques : L’Alimentation, la Mobilité, les Machines qui fabriquent des machines, la Monnaie et l’Accès à la connaissance. Grâce à internet, l’information se collecte à tout moment. Ainsi s’est généralisé l’accès à l’éducation, à la santé, aux données, aux technologiess… Autant de systèmes aux produits et programmes en open-source. Permettre à tous et gratuitement d’apprendre, de fabriquer à un niveau local et de partager ce savoir le plus largement possible à un niveau global. Un beau challenge que veulent faire reconnaitre les Fab Labs et leurs makers comme nous l’a confié Sherry Lassiter CEO de la Fab Foundation.

© JC Djian - Sherry Lassiter
© JC Djian – Sherry Lassiter

Il est important que des programmes initiés localement puissent trouver des soutiens gouvernementaux et des partenaires industriels car il est nécessaire que ces initiatives émergent à un niveau global pour faire bouger les choses… Je ne suis pas en train de dire que nous allons pouvoir changer le monde mais nous pouvons contribuer à faire évoluer les choses dans le challenge global du monde moderne. Nos valeurs de partage des connaissances doivent être mieux comprises du grand public. Le réseau des Fab labs se développe et évolue de façon organique de la base vers le sommet. Nous partageons les pratiques locales et peu à peu elles évoluent et deviennent des exemples pour tous. Le pouvoir est dans cette croissance, dans le Peer to peer avec des connections qui vont du local vers le global. 

Ecoutez Sherry Lassiter

 

« Trans Extended » de Macha Gharibian. Voyage musical entre Orient et Occident

Interview de Macha Gharibian
CD MACHA
© Richard Schroeder

Elles sont peu nombreuses les pianistes et compositrices de jazz françaises. On connait Sophia Domancich et Perrine Mansuy. Il faut compter désormais avec Macha Gharibian. Tout comme ses deux ainées, Macha Gharibian a fait des études de piano classique. Elle obtient son diplôme de l’Ecole Normale de Musique de Paris, avant de  s’initier au jazz.

C’est en prenant des cours à la School for Improvisational Music de New York en 2005 dirigé par le trompettiste Ralph Allessi, qu’elle rencontre de nombreux musiciens de la scène new-yorkaise comme Uri Caine, Ravi Coltrane, Jason Moran, Jim Black, Steve Coleman. A leurs côtés, elle découvre de nouveaux territoires musicaux.

« Chacun de ces musiciens a créé son identité musicale sur le terreau de la tradition jazz. Cela m’a donné envie de développer mon écriture, mon style. J’ai appris à jouer en gardant ma propre personnalité en improvisant librement au piano. Il m’a fallu plusieurs années pour enregistrer mon premier album et proposer une musique qui soit ma musique. » Avoue-t-elle.

Macha est la fille de Dan Gharibian, guitariste chanteur de l’ex groupe Bratsch et de l’actuel groupe Papiers d’Arménie dans lequel Macha chante. Issue de la diaspora arménienne, elle a baigné depuis son enfance dans cette musique traditionnelle et sacrée et dans les rythmes tziganes. On perçoit dans ses compositions cette influence.

Son premier disque « Mars », sorti en 2013, salué par le public et la critique était déjà empreint de ces sonorités. On les retrouvent dans « Trans Extended »  son deuxième album. Le projet de cet opus a émergé en 2015 au moment de l’anniversaire du centenaire du génocide arménien. Macha Gharibian voulait rendre hommage à ses arrières grands parents arrivés en France en 1920 et rescapés de cet évènement tragique. Cet album est non seulement celui de l’exil  mais aussi celui de la transmission familiale et de la transmission entre musiciens où chacun amène son souffle et son histoire. Les compositions de Trans Extended ont des couleurs jazz pop folk issues d’un vagabondage de Paris à New-York en passant par Erevan.

En concert, Macha Gharibian joue en trio. Elle est accompagnée à la batterie par Dré Pallemaerts et à la contrebasse par Matyas Szandaï. Ce style de formation est un véritable challenge pour la pianiste au toucher délicat. Elle veut l’explorer comme l’ont fait avant elle les trios célèbres de Keith Jarrett, Oscar Peterson, Bill Evans ou Brad Mehldau. A ce triangle d’or du jazz : piano, basse, batterie, l’artiste ajoute un quatrième instrument : sa voix. Une voix claire qui illumine ses compositions avec élégance et grâce.

Le trio joue tous les lundis à La Gare dans le 19èmearrondissement à Paris jusqu’à la fin du mois de juin. Ils captent l’attention du public dans un voyage musical entre Orient et Occident avec les morceaux de l’album « Trans Extended » et desreprises du folklore arménien et celle étonnante de Paul Simon « 50 Ways to Leave Your Lover ». Un beau moment de partage et de transmission.

Entre la musique classique, les sonorités d’Europe de l’Est et les variations jazzy, Macha Gharibian utilise ces influences musicales en guise de condiments.

« C’est une grande de cuisine. Je choisis les ingrédients comme si je faisais à manger. Il y a des influences inconscientes, innés dans ma musique qui me viennent de façon spontanée et il y a les influences qui sont d’ordre de la lignée dans une tradition musicale avec une écriture classique dans laquelle j’apporte ma touche jazz. »

Cet été le trio jouera dans plusieurs festivals de jazz dont celui d’Antibes Juan les Pins et Marciac. Si vous voulez goûter à cette cuisine musicale subtile, épicée juste ce qu’il faut, n’hésitez pas. Vous serez bien servi.

Concerts du Macha Gharibian Trio :

  • 28 juin – Festival Jazzpote de Thionville (57)
  • 6 juillet – Festival des cinq continents de Marseille (13)
  • 22 juillet – Jazz à Juan à Antibes Juan les Pins (06)
  • 6 août – Jazz in Marciac (32)
  • 11 août – Festival les nuits de Querbes à Asprières (12)
  • 13 septembre – Le Chaînon manquant à Laval (53)
  • 2 octobre – Scène nationale à Saint Quentin enYvelines (78)

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Une chambre en Inde au Théâtre du Soleil

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© Michele Laurent

Avec une chambre en Inde, le Théâtre du Soleil retrouve son éclat créatif et politique. Durant plus de trois heures les comédiens de la troupe d’Ariane Mnouchkine tiennent le public en haleine en lui racontant les mésaventures d’une compagnie de théâtre en résidence dans une petite ville du sud de l’Inde. Sur l’immense scène une chambre avec côté cour un lit et côté jardin un bureau. C’est le réceptacle des rêves et des cauchemars que va vivre Cornélia (Hélène Cinque) en mal d’idées et qui cherche l’inspiration pour un nouveau spectacle. Comédiens et spectateurs sont face à une mise en abime du théâtre dans le théâtre. Mais quelles idées trouver quand le monde coure à sa perte et que le terrorisme se déplace de la Syrie au cœur de la France ? Quand l’horreur nous envahit et que le doute s’installe ? De ces questionnements est né l’essence du processus d’élaboration de la pièce à la suite des attentats de 13 novembre 2015 et d’une résidence de la troupe à Pondichéry.

« A cette époque-là, nous étions traversés par de nombreuses émotions qui nous empêchaient d’avoir des idées claires. Nous avons travaillé jour après jour sur ce qu’est le doute dans la création. Sur le fait de chercher et de ne pas trouver. » Précise Shaghayegh Beheshti qui tient le rôle de Cassandre et de Ponnourouvi, l’épouse de Karna Drapaudi dans un extrait du Mahabharata joué dans sa version Terukkuttu, théâtre populaire tamoulle.

La nuit venue, Cornélia essaie de dormir en espérant que le sommeil lui apportera une vision, un déclic pour monter le spectacle. Mais des cauchemars l’assaillent et surgissent des apparitions. Terroristes de Daech, membres extrémistes du Bharatiya Janata Party, le parti nationaliste hindou, personnages terrifiants du Mahabharata. Dans cette galerie de masques, William Shakespeare et Anton Tchekov, viennent apporter leurs conseils avisés.

« Ils viennent comme des muses. Ils viennent parce qu’il y a un désespoir dans la troupe et que nous ne savons plus comment et quoi raconter. » Assure Shaghayegh Beheshti.

Ces maîtres du théâtre, qui ont inspiré le Théâtre du Soleil, font partie du panthéon d’Ariane Mnouchkine.

Dans la pièce, tragédie et farce se confrontent. Une chambre en Inde est un cirque. On passe de la sidération au grotesque. Des kamikazes de Daech marchandent le nombre de vierges auxquels ils auraient droit au paradis en se faisant exploser. L’un deux en voudrait en voudrait 75. Après négociation, il en aura 72 comme tous les houris, les bienheureux de la foi musulmane.

Sur scène, la politique théâtrale est aussi jugée. Dans l’éventail des personnages, il y a celui du censeur cynique du Ministère de la Culture à qui il faut rendre des comptes. A quoi sert l’Art ? A-t-il une utilité publique dans la société actuelle qui part en lambeaux ?

Mais le théâtre se joue des censeurs de tous poils. Enarque d’un ministère ou talibans qui veulent harnacher les corps et les âmes pour suivre les préceptes détournés du Coran, l’humanisme l’emporte. Dans la scène finale, cet humanisme est symbolisé par le personnage du Dictateur de Charlie Chaplin qui dans un discours enflammé harangue comédiens sur scène et spectateurs dans la salle.

« Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas lui donner le malheur. Nous ne voulons ni haïr ni humilier personne. Chacun de nous a sa place, et notre terre, bien assez riche, peut nourrir tous les êtres humains. Nous pouvons tous avoir une vie belle et libre, mais nous l’avons oublié… »

Une chambre en Inde est un spectacle sombre mais Charlie Chaplin tel un phare explique à chacun qu’il faut garder l’espoir.

La pièce est chargée de sens et de symboles dans lequel se confronte sur scène des comédiens de 25 nationalités. C’est un monde sur scène.

Une chambre en Inde. Création collective du Théâtre du Soleil, dirigée par Ariane Mnouchkine, musique de Jean-Jacques Lemêtre ; en harmonie avec Hélène Cixous
Cartoucherie de Vincennes – Paris 12ème.
Jusqu’au 20 mai 2018
Durée : 3h45 entracte inclus
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Voyager en musiques avec Papiers d’Arménies

PAPIERS TRIOPhoto © Jean-Claude Djian

Vendredi 2 février, le Comptoir – Halle Roublot de Fontenay-sous-Bois a fait le plein pour le concert du groupe Papiers d’Arménies. Trip musical entre l’Orient et l’Occident.

Interview musicale du groupe

Le quintet formé par des musiciens-chanteurs issus de la diaspora arménienne revisite des airs traditionnels d’Arménie, de Grèce et de Turquie. Il a permis au public de voyager durant deux heures. D’Erévan à Athènes et de Constantinople à Tbilissi en Géorgie. Pour Dan Gharibian, guitariste et chanteur du groupe, ce melting pot musical raconte une histoire.

« C’est celle de la diaspora arménienne qui a vécu dans différents pays et a pris un peu de toutes ces influences musicales. On raconte l’exil, les histoires d’amour tristes. On chante aussi le raki et les mezzés. Ça parle au public. C’est une musique du cœur qui touche aussi à l’âme. »

Les afficionados de cette musique du voyage et des émotions connaissent bien Dan Gharibian, figure emblématique de Bratsch. Un groupe qui a sillonné les routes pendant 45 ans et qui au soir d’une fête mémorable du 31 décembre 2015 a décidé de mettre un point final à cette belle aventure. Il a repris la route avec Papiers d’Arménies. On retrouve dans cette formation l’envie de partager un bon moment avec le public. Il faut dire que le Comptoir de Fontenay-sous-Bois est à la fois une salle de concert et un restaurant. Le public boit des coups et mange copieusement en écoutant les morceaux. Sur la scène, les musiciens se lancent dans des joutes musicales en improvisant. Le public apprécie, tape des mains en rythme, siffle. C’est sans doute cela l’ambiance des cafés enfumés de Constantinople qu’a connu durant sa jeunesse Aret Derderyan l’accordéoniste du groupe. S’il est originaire de Turquie, Artyom Minasyan qui joue du doudouk (sorte de hautbois) vient d’Erévan. Dan Gharibian, sa fille Macha (chant) et Gérard Carcian qui joue de la kamantcha (vièle à archet) sont nés en France. L’Arménie est dans leurs gènes et la musique est la courroie de transmission de cette culture qui les relie tous comme le précise Macha Gharibian.

« Cette culture nous a été transmise par nos grands-parents, nos parents. L’histoire de ce petit peuple qui a connu l’exil a survécu par sa langue, sa cuisine et bien sûr par ses influences musicales. L’histoire de tous les arméniens est la même. C’est ce qui fait qu’il y a cette cohésion dans le groupe. »

Cette fraternité, les musiciens la retrouve lors des répétitions qui se font souvent dans un endroit inattendu. L’épicerie d’Aret l’accordéoniste.

« C’est génial, on répète au milieu des mezzès, des saucissons, des bouteilles de raki et de la vodka. » Avoue Gérard Carcian.

Aret précise. « On mange et on boit avant de jouer et même parfois pendant les répétitions. »

Dan rajoute. « Un jour je leur ai dit, on perd trop de temps à manger et à boire, il faut être sérieux quand on répète. Mais on n’a pas pu s’y tenir. Et puis c’est du partage que l’on retrouve sur scène. »

Les musiques et les chants de Papiers d’Arménies fleurent bon les épices et l’alcool. Ça se déguste, ça vous enivre et l’on en redemande. Le groupe ne se fait d’ailleurs pas prier pour faire des bis.

En attendant de les voir en live, vous pouvez toujours écouter l’album Papiers d’Arménies ou celui de Dan Gharibian Trio Affamés d’éphémère.

Le Comptoir – Halle Roublot. 95 Rue Roublot, 94120 Fontenay-sous-Bois.                      Téléphone : 01 48 75 64 31

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Nous et les autres. Une expo humaniste.

Expo Nous et les Autres - 4 Le racisme en questions 01

Entre les deux tours des élections présidentielles, j’ai visité l’exposition « Nous et les Autres » du Musée de l’Homme. Elle apporte des réponses claires sur la fabrique du racisme ordinaire et démontre que la notion de « race » n’a aucune validité scientifique.  Une réflexion salutaire et humaniste.

Interview d’Evelyne Heyer, commissaire de l’exposition.

Cette première exposition temporaire du Musée de l’Homme qui renoue avec sa tradition humaniste développant l’égalité entre tous les hommes, s’est montée par nécessité « Depuis dix vingt ans, les sciences ont beaucoup avancé sur les questions de racisme mais les travaux n’ont pas vraiment infusé auprès du grand public » Précise Evelyne Heyer, professeur en anthropologie génétique du Muséum d’Histoire Naturelle et commissaire de l’exposition.

L’exposition vise à faire comprendre clairement d’où vient le racisme. Notre démarche n’est pas moralisatrice. On s’est mis dans une position de scientifiques, pas dans une position de donneurs de leçon.

La scénographie de l’exposition, signée ­par l’Atelier Confino, nous plonge dans un parcours initiatique. Dès la première partie de l’exposition « Moi et les autres », nous nous retrouvons en situation immersive dans la salle d’embarquement d’un aéroport. « C’est un non-lieu pour expliquer la psychologie sociale et les ressorts de notre cerveau qui peuvent mener jusqu’au racisme.  Racisme qui passe par trois étapes, la catégorisation, l’essentialisation et la hiérarchisation. » Explique Evelyne Heyer.

La catégorisation est un processus cognitif naturel et universel qui permet de « ranger les gens dans des boîtes » (hommes, femmes, bobos, jeunes de banlieue, blanc, noirs…). Cette mécanique peut mener rapidement à l’essentialisation qui réduit une personne à l’une de ses caractéristiques, et constitue de facto un terrain fertile au développement des préjugés et stéréotypes. Conduisant à l’ultime étape : la hiérarchisation, à savoir le traitement inégalitaire des individus (ou des groupes) différents de soi (ou de son groupe).

Il suffit de peu de choses pour entrainer des discriminations car l’on préfère son groupe par rapport aux autres.

La seconde partie de l’exposition, « Race et histoire » présente les mécanismes de l’institutionnalisation par l’Etat du racisme. Une salle retrace l’impérialisme et le colonialisme français notamment en Afrique depuis la traite esclavagiste aux discours officiels de la colonisation qui contaminèrent les publications scientifiques comme la classification des espèces de Buffon ou l’Essai sur l’inégalité des races humaines d’Arthur Gobineau qui inspirera l’idéologie nazie. Cette vision coloniale et raciste pénétra aussi la loi avec le Code Noir, les manuels scolaires avec « Le Tour de la France par deux enfants » présentant les quatre races dont la blanche comme étant « la plus parfaite des races humaines » et l’imagerie populaire avec l’incontournable Banania.

C’est la part d’ombre de cette histoire qui a mené à la ségrégation et au racisme. La France a eu dans son histoire une politique raciste. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais on ne peut pas nier l’histoire.

Trois autres exemples de racisme institutionnel sont présentés. La ségrégation raciale aux Etats-Unis, la montée du nazisme en Allemagne qui a abouti à la mise en place de la solution finale et l’indépendance du Rwanda avec le massacre des Tutsis la hiérarchisation des ethnies mises en place par l’administration coloniale belge au Rwanda ont troublé une société aux relations fluides pour aboutir, en 1994, au génocide des Tutsi.

La troisième partie présente un état des lieux des récentes découvertes de la recherche en génétique qui pointent l’inefficience de la notion de race pour expliquer la diversité humaine. Nous appartenons tous à la même espèce Homo sapiens. Dans le domaine des sciences sociales, les recherches sur les comportements racistes dans la société française sont nombreuses et des résultats peuvent remettre en question certains discours politiques qui prônent la peur du communautarisme. Alors que 93 % des enfants d’immigrés se sentent français, 24 % d’entre eux sont convaincus de ne pas être perçus comme tels. 65 % des enfants d’immigrés, hommes ou femmes, ont formé un couple avec une personne de la population majoritaire.

Nous et les autres, des préjugés au racisme, jusqu’au 08 janvier 2018, Musée de l’Homme, 17 place du Trocadéro 75016 Paris

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